Défense du dialogue entre juifs et musulmans : zoom sur le Projet Aladin

  • Publié le: jeudi 21 décembre 2017

Alors que les tensions communautaires et religieuses sont régulièrement attisées par l’actualité, le travail des associations et de collectifs œuvrant pour la paix au Proche-Orient doit plus que jamais être encouragé. Exemple avec le Projet Aladin et des personnalités comme Mohammed bin Issa Al Jaber.

 

Controversée et « potentiellement explosive », la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël risque d’attiser les tensions au Proche-Orient et au-delà. Mais elle pourrait également avoir le regrettable effet d’éclipser les nombreuses initiatives pour la paix dans la région. Des initiatives souvent moins médiatisées que l’escalade de la violence, mais particulièrement actives.

Des associations très diverses se mobilisent en permanence pour un meilleur dialogue entre religions et cultures. C’est notamment le cas du Projet Aladin, organisation internationale indépendante basée à Paris qui cherche à « promouvoir le rapprochement interculturel, en particulier entre juifs et musulmans, fondé sur la connaissance mutuelle, l’éducation et le respect de l’Histoire, le refus des conflits de mémoire, la primauté du dialogue et de la recherche de la paix sur la culture de l’affrontement et de la guerre ».

Créé il y a dix ans sous le parrainage de l’UNESCO et de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, le Projet Aladin souhaite tisser du lien pour faire face à la montée du racisme, de l’antisémitisme, de l’islamophobie et de la xénophobie. Il veut en particulier construire « un pont de la connaissance entre juifs et musulmans », et met à la disposition de tous des informations historiques et culturelles fiables et accessibles sous forme de livres, films, documentaires ou encore sites internet. En novembre dernier, l’association félicita vivement Audrey Azoulay pour son élection au poste de directrice générale de l’UNESCO. Durant sa campagne, l’ancienne ministre de la Culture avait justement insisté sur l’importance de la pédagogie et de l’éducation pour mettre en valeur les différences et les points communs entre les différentes cultures, notamment juives et musulmanes. Une vision qui annonce une collaboration encore plus étroite entre l’organisation onusienne et le Projet Aladin.

 

Construire la paix par l’éducation

En mai 2017, ce collectif fêtait déjà ses dix ans d’activité : dix années d’expositions, de publications d’ouvrages, de promotion de films, de rencontres et de forums entre grands diplomates, mécènes et citoyens engagés. « Le projet Aladin incarne une ambition qui nous est chère, et qui guide l’ensemble du travail de l’UNESCO : construire la paix commence dans l’esprit des hommes et des femmes, par l’éducation, par la culture, par la connaissance de l’histoire. La bataille contre l’extrémisme violent, la bataille contre toutes les formes de racisme, notamment le racisme anti-musulman, la bataille contre toutes les formes d’antisémitisme, y compris la haine d’Israël, est aussi une bataille culturelle, qui se joue à l’école, dans les médias, dans l’opinion », déclarait Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO lors du Gala d’anniversaire des 10 ans du Projet.

Organisé le 29 mai à l’Hôtel de Ville de Paris, ce Gala a également été l’occasion de remettre le prix « Dialogue des cultures 2017 » à son excellence cheikh Mohammed bin Issa Al Jaber pour son travail philanthropique dans le secteur de l’éducation au Moyen-Orient.

Homme d’affaires austro-saoudien, le cheikh Al Jaber est le fondateur de MBI Al Jaber Foundation, une fondation visant à rapprocher le monde arabe et les autres cultures à travers l’éducation notamment en permettant à des centaines d’étudiants du Maghreb et du Moyen-Orient de venir étudier en Europe. En 2004, il avait d’ailleurs été nommé « envoyé spécial de l’UNESCO pour l’éducation, la tolérance et les cultures du Moyen-Orient ». Une expérience qui facilitera dans les prochaines années la coopération entre le projet Aladin et l’organisation onusienne.

« Lutte globale contre l’intolérance, la haine et l’extrémisme »

Plus de 400 leaders politiques, diplomates, intellectuels, hommes et femmes d’affaires, artistes et journalistes d’Europe, du Moyen-Orient et d’Afrique étaient rassemblés lors du Gala d’anniversaire. Ils ont rendu hommage au Projet Aladin et ils ont souligné l’importance d’encourager ces initiatives d’entente et de paix contre le pessimisme et l’intolérance.

L’ancien président français, Nicolas Sarkozy, a profité de l’occasion pour rappeler que « l’avenir ne se construira pas sur le rejet de l’Autre, le despotisme, l’humiliation, la tolérance et l’injustice, mais sur la connaissance et le respect d’autrui ainsi que par une profonde reconnaissance de la diversité ».

Anne Marie Revcoleschi, alors présidente du Projet Aladin, a pour sa part rappelé la nécessité d’une lutte globale contre l’intolérance, la haine et l’extrémisme. Elle a lancé un appel émouvant à la solidarité et à la mobilisation contre la haine, l’antisémitisme, le racisme et en faveur du vivre ensemble.

Politiquement, le processus de paix entre Israéliens et Palestinien s’embourbe. Les diplomates peinent à réunir les différents protagonistes autour de la table pour entamer des pourparlers. Des initiatives comme le Projet Aladin prennent à revers les acteurs les plus belliqueux du conflit, en misant sur la culture pour apaiser les tensions. Un travail discret, sur le long terme, mais qui risque de s’avérer bien plus efficace pour pacifier les relations entre les peuples.

One thought on “Défense du dialogue entre juifs et musulmans : zoom sur le Projet Aladin

  1. Merci pour ce rappel et votre article . Quand j’ai créé le Projet Aladin que j ai présidé jusqu’en juin 2017, j’espérais en effet que nous pourrions apporter un peu de paix et de réconciliation . Aux successeurs de le poursuivre !!

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