A priori, les produits issus à base d’huile de palme ne seront plus censés bénéficier d’exonération fiscale en France dès le 1er janvier 2020. Pourtant une réintroduction discrète de cette exonération fiscale permettrait à l’huile de palme de réapparaître sous forme de «PFAD », un sous-produit dont sont issus bon nombre de biocarburants.
En France, l’Assemblée nationale a voté en novembre 2019 la fin d’une exonération fiscale sur l’huile de palme dès le 1er janvier 2020. Pourtant, le gouvernement a décidé de détaxer le Palm Fatty Acid Distillate (PFAD, en français « distillat d’acide gras de palme »), un sous-produit de l’huile de palme, composite central du biocarburant.
Dans une note des douanes aux fédérations professionnelles, rendue publique par Mediapart, le sous-directeur écrit que « les biocarburants produits à partir de PFAD ne seront pas exclus du mécanisme (de niche fiscale) à compter du 1er janvier 2020 : ces biocarburants ne peuvent en effet pas être considérés comme des produits à base d’huile de palme »
Le biocarburant à base d’huile de palme, véritable fléau…
Alors qu’une certaine prise de conscience a eu lieu dans les foyers autours de la présence de l’huile de palme dans les produits alimentaires, notamment l’iconique Nutella, le vrai cœur du problème se trouve en réalité dans le biocarburant.
75% de l’utilisation de l’huile de palme en France sert à la composition du biocarburant. « Un non-sens écologique. Il est temps d’en finir avec le biocarburant non-durable, ce qui est le cas de celui produit par l’huile de palme. Le biocarburant est un désastre pour la planète avec lequel il faut en finir », interpelle Julien Bayou, porte-parole national d’Europe-Écologie Les Verts.
Greenpeace, dans un rapport publié en septembre 2019, indiquait par exemple, que le groupe Total traiterait 550 000 tonnes d’huile de palme comme biocarburant par an sur son site de La Mède, ouvert en juillet dernier (Bouches-du-Rhône). Ce site, reconverti en bio-raffinerie destinée à produire des agrocarburants, présenterait un tonnage d’importation beaucoup trop élevé, impactant directement sur le gaz à effet de serre.
…pour la biodiversité
Au-delà de l’empreinte carbone liée à son exportation vers l’occident, l’exploitation de l’huile de palme dans les pays d’où elle est issue est la plus grande problématique quant à son utilisation. La déforestation massive est devenue plus qu’une menace pour la biodiversité, selon Julien Bayou.
« On ne parle pas seulement d’amplifier une problématique, mais possiblement de détruire sans retour certaines fragilités. Les forêts primaires risquent une disparition pure et simple, les orangs-outangs une extinction. On menace encore plus une biodiversité déjà au bord du gouffre », explique-t-il.
Laisser un commentaire