Environnement : l’ambitieux objectif de Macky Sall

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« Je veux que le Sénégal soit identifié comme l’un des pays les plus propres d’Afrique », a lancé Macky Sall le ...

Macky Sall

« Je veux que le Sénégal soit identifié comme l’un des pays les plus propres d’Afrique », a lancé Macky Sall le président sénégalais lundi 12 août, en marge des prières de l’Aïd.

Ambitieuses, les déclarations du président n’ont pas surpris les Sénégalais, qui connaissent les engagements répétés du gouvernement de Dakar pour la protection du milieu naturel. Dès sa réélection à la tête de l’État le 28 février, Macky Sall a promis d’accorder la priorité à l’environnement : « J’appelle à la mobilisation générale pour forger l’image d’un Sénégal plus propre dans ses quartiers, plus propre dans ses villages, plus propres dans les villes. En un mot, un Sénégal “zéro déchet », a-t-il déclaré en prêtant serment le 2 avril.

Après un septennat marqué par une croissance supérieure à 6 % par an et par le déploiement d’un ambitieux programme de modernisation des infrastructures, Macky Sall affirme vouloir mener une action environnementale « vigoureuse » pendant son deuxième mandat. Même si le combat peut s’avérer plus rude que prévu.

Comme le souligne le site Sustainability Times, les déclarations faites par le président dans le cadre de l’Aïd al-Adha interviennent quelques jours à peine après l’annonce par son gouvernement d’une série de mesures pour lutter contre « le fléau toujours plus grave de la pollution plastique ».

L’interdiction, depuis janvier 2016, de la vente, la production, la détention et l’importation de sachets en plastique fins, s’est avérée difficile à appliquer. Mais les autorités sénégalaises sont décidées à la faire respecter. « Nous allons faire le tour des magasins, nous avons des forces de sécurité qui peuvent nous soutenir », a expliqué le ministre de l’Environnement Abdou Karim Sall. « Nous allons commencer à appliquer cette loi dans toute sa force », a-t-il ajouté.

Mesures fortes de Macky Sall

D’après une étude réalisée en 2010 par la revue Science, le Sénégal produit 250 000 tonnes de déchets plastiques non recyclés chaque année, qui risquent de finir directement dans l’océan. Cela fait du pays le 21e plus gros pollueur au monde, une situation que le gouvernement juge intolérable. Désormais, les commerçants s’exposent à des amendes allant jusqu’à 50 000 francs CFA (76 euros). Le gouvernement a également annoncé un projet de loi afin d’interdire les sachets en plastique épais.

Ces prises de position s’ajoutent à une série de mesures fortes mises en place ces dernières années. Plus de 12 millions d’arbres ont été plantés dans le cadre de la « Grande muraille verte » (GMV), un ambitieux projet africain qui vise à empêcher la détérioration des terres déjà abîmées par la sécheresse et par la surexploitation. Large de 15 km, la bande plantée de différentes espèces végétales devra relier sur 7 600 km l’ouest à l’est de l’Afrique, du Sénégal à Djibouti, en passant par la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Nigeria, le Tchad, le Soudan, l’Érythrée et l’Éthiopie.

Le Sénégal confronté à sa pollution, et celles des autres

L’engagement sénégalais en faveur de l’environnement passe également par la mise en place de mesures pour inciter l’industrie manufacturière à modifier ses habitudes. Selon l’Agence française de Développement, environ 60 % de l’industrie manufacturière sénégalaise est basée le long de la baie de Hann, à Dakar. Autrefois « idyllique », elle atteint aujourd’hui une situation de dégradation avancée en raison du rejet direct d’effluents industriels et même domestiques, certains citoyens n’ayant pas accès à la collecte régulière des ordures.

Mais l’industrie et la consommation au Sénégal ne sont pas les seuls facteurs responsables de la pollution dans le pays. Le Sénégal souffre aussi des milliers de tonnes de déchets produits à l’étranger, mais expédiés sur ses terres afin d’y être traités, tout du moins théoriquement. Car la saleté, le degré de dégradation voire la contamination toxique de ces déchets complexifient grandement les processus de recyclage, si bien que la plupart de ces déchets sont directement brûlés ou enterrés.

Le Guardian pointe ainsi du doigt « des centaines de milliers de tonnes de plastique américain expédiées chaque année dans les pays en développement, où les travailleurs sont chargés du travail sale, à forte intensité de main-d’œuvre et mal rémunéré du recyclage des déchets de l’Occident »

Dans la lutte contre la pollution de ses terres, le Sénégal de Macky Sall sera donc sur plusieurs fronts : légiférer pour contraindre les entreprises sénégalaises à être plus vertueuses, sensibiliser la population à ces problématiques et convaincre les autres nations à gérer différents leurs propres stocks de déchets. Vaste programme !

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