EuropaCity : bientôt le dénouement ?

Europacity
  • Publié le: jeudi 24 octobre 2019

Après moult rebondissements, le projet s’apprête à entendre le jugement définitif du gouvernement.

Alors qu’on l’imaginait condamné en mars 2018 par une décision du tribunal administratif de Cergy-Pontoise, l’éco-quartier EuropaCity a finalement été validé en juillet dernier par la cour administrative d’appel de Versailles. Un retournement de situation finalement logique et attendu pour un projet dans les cartons depuis 2012 et qui n’a eu de cesse de diviser entre ses opposants et ses défenseurs.

Une situation délicate qui a conduit les architectes à faire preuve de souplesse. En perpétuelle évolution Europacity s’est régulièrement adapté aux réclamations des populations locales et a répondu aux critiques. Des opérations de communications et des coups marketing pour les opposants, mais il n’empêche que cette manière originale de concevoir la mise en chantier de grands projets a permis a Europacity d’être désormais largement plébiscité par les habitants des environs.

Une approche moins « rigide » que certains chantiers, comme Notre-Dame-des-Landes, qui permet aux promoteurs de faire valoir un projet conforme aux attentes des différentes parties.  « Ce projet a toujours été une matière vivante, les détails vont continuer à évoluer, je serais incapable de vous dire exactement ce que ce sera EuropaCity à l’ouverture », expliquait en septembre 2018 Benoît Chang, directeur général d’Alliages et Territoires (société qui réunit les promoteurs du projet, à savoir la branche d’immobilier commercial du groupe Auchan, Ceetrus, et le conglomérat chinois Wanda). Une plasticité qui devrait s’avérer payante à l’heure où le gouvernement s’apprête à rendre un jugement définitif sur le projet.

En septembre dernier, Elisabeth Borne a en effet été chargée par le président de la République et le Premier ministre de rédiger un avis sur les suites à donner à l’éco-quartier. Une décision de la ministre alors même que les promoteurs d’Europacity viennent d’annoncer une troisième version du projet. Si la seconde version de 2017 était résolument plus « sociale » avec de fortes promesses sur le nombre de créations d’emplois et la préservation du tissu économique local, la troisième version du projet en 2019 rajoute une épaisseur écologique au gigantesque quartier de loisirs. Alors qu’EuropaCity visait déjà une alimentation par 100 % d’énergies renouvelables produites sur place, l’éco-quartier s’engage désormais à atteindre le « zéro carbone » dès son ouverture, prévue en 2027.

 

Futur « pôle culturel du Grand Paris »

Les promoteurs visent également un objectif « zéro artificialisation nette des terres ». Ils s’engagent pour cela à compenser les 80 hectares du périmètre d’EuropaCity par la « renaturation » d’autant d’espaces artificialisés ou pollués en Île-de-France.

Les engagements se veulent également audacieux en matière de biodiversité. Pas moins de quatre mille arbres seront plantés et une vingtaine d’espèces animales réintroduites dans le site. Ainsi, loin de dégrader la situation actuelle, les promoteurs espèrent l’améliorer. « Aujourd’hui, dans ces champs d’agriculture intensive du Triangle de Gonesse, la biodiversité est très faible », souligne Benoît Chang.

Côté social, le projet a décidé de diviser par trois sa surface de boutiques. Ceci afin de rassurer les petits commerçants des villes alentour et les centres commerciaux du nord de Paris. Les promoteurs s’engagent également à soutenir le plan national Action cœur de ville, qui vise à réhabiliter et restructurer le centre-ville des communes moyennes afin d’encourager le développement économique et commercial.

Ces arguments feront-ils mouche auprès d’Elisabeth Borne ? Ils semblent en tout cas l’avoir déjà fait auprès des autorités locales. Jean Pierre Blazy, maire de Gonesse, voit déjà sa ville transformée en « pôle culturel du Grand Paris ». L’élu socialiste, qui « affirme que la biodiversité sera plus riche demain avec ces aménagements qu’aujourd’hui », se félicite également d’avoir obtenu de l’investisseur la promesse de financer « la formation de 3 500 personnes du Val-d’Oise et de Seine-Saint-Denis pour accéder aux emplois ». Au moins 75 % des postes créés par le projet devraient être occupés par les habitants locaux, se réjouit le maire.

Assailli de critiques et confronté à des décisions administratives contradictoires, Europacity était clairement mal parti. En proposant régulièrement de nouvelles versions du projet, Alliage et Territoires a probablement sauvé le quartier de loisirs, qui devrait donc finalement voir le jour en 2027 dans le Triangle de Gonesse, au nord de Paris.

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