Selon une étude de l’Office national des forêts (ONF) en Île-de-France, 88 % des agents forestiers déclarent avoir été témoins ou victimes de dégradations, d’insultes, voire d’agressions physiques sur leur lieu de travail. Afin de les aider à prévenir ces incidents et à savoir comment agir en cas de violence avérée, la gendarmerie nationale rappelle les bons réflexes à adopter aux forestiers.
Entre les incendies criminels et les menaces de mort régulières, la violence à l’encontre des travailleurs forestiers « n’est ni un cas isolé, ni un fait divers anodin », alertaient en avril dernier les représentants de la filière forêt-bois dans une tribune à L’Obs. Une « réalité méconnue » et des actes criminels trop souvent laissés sans suite ni poursuite judiciaire, regrettent les auteurs de la tribune, qui déplorent que les responsables « la plupart du temps dans l’impunité ».
Se prémunir et agir en cas d’agressions
Raison pour laquelle la gendarmerie nationale a renforcé sa communication à destination des acteurs de la filière. En rappelant, dans un premier temps, quels sont les « comportement, acte ou fait suspect » (comme le stationnement anormal d’un véhicule aux abords d’une forêt, ou la présence inhabituelle d’individus) qui doivent inciter les personnels forestiers à la vigilance, et même à agir : « Relevez, si possible, les éléments d’identification, marque, type et immatriculation du véhicule », indique le dépliant pratique mis à la disposition des travailleurs de la filière forêt-bois – qui n’ont, ensuite, qu’à composer le 17 pour qu’intervienne une patrouille de gendarmerie.
Il est important, selon les recommandations de la gendarmerie nationale, en cas de dégradations (tags sur des panneaux, incendies de machines, etc.) ou de toute autre infraction pénale, de ne pas modifier les lieux « pour que les gendarmes puissent procéder à des constatations techniques ». Et, à toutes fins utiles, parce que les intentions de ces personnes malveillantes ne sont pas toujours connues, le ministère de l’Intérieur rappelle qu’il vaut mieux éviter de s’exposer inutilement, en tentant par exemple d’intervenir soi-même.
Enfin, les travailleurs forestiers peuvent s’inscrire au dispositif « Opération tranquillité entreprises et commerces » (OTEC), auprès de la brigade de gendarmerie territorialement compétente, juste avant une opération de coupe par exemple. Cette opération permet aux gendarmes de visualiser en temps réel les chantiers signalés sur leur circonscription, grâce à une cartographie accessible à distance. « Ils peuvent ainsi orienter leurs patrouilles efficacement pour détecter d’éventuels troubles ou atteintes » sur les chantiers, précise la gendarmerie.
« Rapprocher le public du monde de la forêt »
Très souvent, ces actes de vandalisme sont « la résultante d’une conception radicale de la place de l’humain dans les espaces forestiers », estiment les représentants de la filière forêt-bois dans leur tribune à L’Obs. Qui perçoivent ces altercations et dégradations comme le signe d’une méconnaissance de leur travail de gestion forestière. D’où l’importance de sensibiliser le public à grande échelle sur « le rôle multifonctionnel des forêts » et la manière dont elles sont gérées. « Le public qui vient en forêt ne connaît pas la gestion forestière et pense que couper un arbre devient un crime. Et pourtant, non, couper un arbre permet d’avoir une forêt vivante et en bonne santé », explique Michel Beal, le directeur de l’ONF.
Les événements grands publics comme « Les Nuits des Forêts », un festival dont la dernière édition s’est tenue du 17 au 26 juin derniers, sont l’occasion de sensibiliser le grand public aux métiers des forestiers et à leur importance. Pour Raymond Gabriel, forestier dans les Vosges, ces évènements sont l’occasion de « rapprocher le public du monde de la forêt et de ceux qui s’en occupent », loin des « mensonges ».
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