Alors que les températures augmentent, le mont Everest dévoile sous son manteau blanc un parterre de cadavres et de déchets. Depuis les années 1990, le sommet de 8 848 mètres d’altitude a accueillit plusieurs milliers de personnes. Durant l’hiver 2018-2019, plus de 600 personnes l’ont escaladé en quelques mois seulement. Le transformant en une véritable poubelle à ciel ouvert.
Près de 200 cadavres humains seraient figés dans le temps sur les chemins qui mènent au sommet du mont Everest. Si l’ascension a toujours été particulièrement dangereuse, le terrain s’avère davantage risqué pour les alpinistes depuis le changement climatique. En 2014, les températures anormalement élevées avaient provoqué une avalanche sur le glacier du Khumbu, près du camp de base de l’Everest, faisant seize victimes.
Mais la fonte des neiges et des glaces révèle aussi des tonnes de déchets : bouteilles d’oxygènes vides, canettes, tentes de camping, matériel d’escalade, etc. Le mont est ainsi devenu « la plus haute poubelle du monde ».
« Un spectacle répugnant »
Pemba Dorje Sherpa, un guide népalais qui a atteint dix-huit fois le sommet, avait décrit en juin dernier, le lieu comme « dégoûtant, un spectacle répugnant. La montagne a des tonnes de déchets ».
Une étude de long terme réalisée par le Centre international pour le développement intégré en montagne (ICIMOD) a démontré que les glaciers de l’Hindou Kouch et de l’Himalaya fondaient rapidement et risquaient de se réduire au tiers de leurs tailles actuelles, si les émissions de gaz à effet de serre n’étaient pas contrôlées.
Si le gouvernement népalais a instauré certaines mesures pour préserver l’Everest, il resterait actuellement encore environ 30 tonnes de déchets sur la montagne, selon l’Everest Summiters Association. Le nettoyage est surtout effectué par des bénévoles et associations aux fonds privés.
« La première grande opération de nettoyage n’a été effectuée qu’en 1996, par l’Association d’alpinisme du Népal. Nous avons rapporté plus de 7 tonnes de déchets », raconte Ang Tshering Sherpa, habitant népalais.
Aujourd’hui, au Népal, chaque alpiniste qui tente l’ascension doit laisser 4 000 dollars de caution. Cette somme est rendue à chaque grimpeur s’il redescend au moins huit kilos de déchets. En 2017, les alpinistes avaient ainsi redescendu près de 25 tonnes de déchets solides et 15 tonnes de déchets humains. Sur le flan tibétain de la montagne, une amende de 100 dollars est imposée à chaque kilogramme manquant à la descente du grimpeur.