Selon un reportage réalisé par nos confrères de 20 minutes, 527 225 m3 de déchets radioactifs reposeraient sous le plateau engazonné du centre de stockage de la Manche (CSM), à La Hague, dans le Cotentin.
Parfois appelée la « presqu’île au nucléaire », le centre de Digulleville reçoit les combustibles nucléaires après leur utilisation dans les 58 réacteurs français, ainsi que dans d’autres à l’étranger.
Mais c’est également à cet endroit qu’a été installé le centre de stockage de la Manche (CSM), où ont été stockés de façon définitive 527 225 m3 de déchets radioactifs provenant de l’exploitation des centrales (hors combustible nucléaire), le tout réparti, selon nos confrères de 20 minutes, « dans près d’un million de colis, entre 1969 et 1994 ».
Opéré par l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), le site est resté ouvert jusqu’à arriver à saturation. Après ces 25 ans d’utilisation, il a été fermé par une couverture géologique constituée de six couches, et épaisse de 2 à 8 mètres selon l’endroit de mesure.
Ces déchets, essentiellement « constitués actuellement de gants, d’outils et de vêtements contaminés lors de la maintenance et de l’exploitation nucléaires », selon Florence Espiet, directrice du CSM, ne présenteront plus de risques pour l’homme ni pour l’environnement dans environ 300 ans.
Le chargé de campagne nucléaire pour Greenpeace, Yannick Rousselet, répond qu’une « exposition directe à ces éléments radioactifs ne vous est peut-être pas fatale. En revanche, le risque est celui d’une contamination chronique de l’environnement à ces éléments radioactifs, qui peut avoir un impact sur la santé des riverains ».
Yannick Rousselet et Pierre Barbay, conseiller scientifique de l’Acro (Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest), sont dubitatifs sur le sujet. Selon eux, « La tentation est grande de mettre les déchets dont on ne sait pas quoi faire au fond du jardin. C’est un peu ce qu’on a fait avec le CSM, en l’implantant sur un terrain libre trouvé au bout l’usine de retraitement de la Hague ».
Avant de préciser que La Hague est une zone humide et que « l’eau est justement, le principal ennemi de la sûreté nucléaire », puisque les produits nucléaires prennent des canaux qui mènent directement à la mer et polluent ainsi directement l’environnement. Sans compter sur les effets de la toxicité des produits nucléaires dans les nappes phréatiques.
Pour Yannick Rousselet, il est primordial de rouvrir la couverture qui abrite les déchets nucléaires stockés au CSM, afin de « faire l’inventaire très précis de ce qu’on y trouve et enlever les déchets vie longue ». Un chantier au coût faramineux, contre lequel se positionne Florence Espiet, qui, néanmoins reconnaît « de légers glissements de terrain sur les côtes », nécessitant une consolidation du talus.