Toutes les entreprises ne sont pas égales face à la crise sanitaire. Si certaines ont été durement touchées, d’autres ont mieux résisté et viennent en aide à celles qui sont fragilisées. Une solidarité aussi appréciée par les consommateurs et qui pourrait contribuer à accélérer la reprise.
« Commandez chez McDo » : c’est par cette injonction paradoxale que Burger King a décidé d’encourager les Français à soutenir la restauration rapide pendant le deuxième confinement, en ayant recours au drive ou au click & collect. « On n’aurait jamais pensé vous dire ça, mais aujourd’hui les restaurants qui emploient des milliers de salariés ont aussi besoin de votre soutien » précisait alors la chaîne de fast-food. Un soutien qui a fait mouche dans un contexte où de nombreuses entreprises souffrent des mesures sanitaires imposées depuis un an, et qui ne se limite pas au secteur de la restauration. Le spécialiste des coffrets loisir Wonderbox est lui aussi venu en aide à ses partenaires habituels que sont les hôtels et autre parcs d’attraction, en les payant dès la réservation du client, et sans commission. De quoi soulager leur trésorerie. Ces élans de solidarité ont également pris la forme de dons. Hubside, entreprise d’aide à la création de site Internet, a par exemple proposé à 100 commerçants et indépendants un don de 100 000 euros. Pour Alexandre Hampe, COO d’Hubside, l’objectif affiché est d’abord de « les aider à passer le cap » de la crise sanitaire.
Des initiatives qui suscitent aussi l’engouement des consommateurs, de plus en plus sensibles à l’engagement des marques. La « génération Z » en particulier, dont la moitié estime que les entreprises ne s’engagent sur les sujets de société que par calcul. Une étude Oney et OpinionWay révélait en 2020 que 90% des consommateurs attendent de l’engagement et de l’accompagnement de la part des marques. Une demande prise en compte par les entreprises : un tiers d’entre elles aurait ainsi augmenté leur budget mécénat, selon une étude de l’Admical, l’association pour le développement du mécénat en France. Selon l’association, les entreprises ont su « passer outre les enjeux de concurrence et les rivalités habituelles, elles ont joué la carte de la coopération entre acteurs privés ». Le « coup de com’ » de Burger King en faveur de McDonald’s, Sushi Shop ou Hippopotamus le montre bien. L’idée est aussi de faire participer les consommateurs. Là encore, l’enseigne BK a su tiré son épingle du jeu en achetant davantage de pommes de terre pour en offrir aux consommateurs, afin de « redonner la patate aux producteurs français ».
Si ces actions de solidarité bénéficient directement aux entreprises destinataires, et vont dans le sens d’un engagement de plus en plus souhaité par les consommateurs, elles permettent aussi d’accélérer la reprise. Les actes de générosité permettent en effet de maintenir une dynamique dans l’écosystème économique. Pour Denis Gancel, co-fondateur de l’agence W, « il existe des bassins de solidarité comme il existe des bassins d’emploi. Les entrepreneurs se connaissent et se côtoient au niveau régional. Ils capitalisent aussi sur la proximité de structure, voire de taille ». C’est ce qu’a fait BCI Isolation : cette entreprise située dans l’Ain, spécialisée dans la rénovation énergétique de l’habitat, a créé un « fonds d’entraide » qui vise à soutenir le tissu économique local qui fait vivre un bassin d’emploi. Une vingtaine de commerces fragilisés ont bénéficié de cette initiative. Qui s’inscrivent aussi dans une vision de long terme. En débloquant 100 000 euros pour accompagner commerçants et indépendants, Hubside espère contribuer à accélérer leur transition numérique, pour préparer plus sereinement une sortie de crise.