Depuis plusieurs années, à l’instar des universités anglo-saxonnes, les grandes écoles de commerce françaises (l’EDHEC, l’EMLyon, l’ESSEC, HEC…) ont opté pour des systèmes d’adhésion pour la vie pour leur association d’étudiants et anciens élèves (Alumni). Et la promesse est belle, d’autant plus en période de crise : moyennant un investissement unique, ces derniers bénéficient des avantages proposés par l’association sans aucune limite de temps.
Dans les grandes écoles, l’adhésion pour la vie se généralise
Partout où il est implanté, le système de l’adhésion pour la vie est reconnu pour être doublement gagnant. Alors que l’association dispose de fonds conséquents et réguliers pour lancer de nouveaux projets, développer des partenariats, animer des conférences et autres tables rondes, les étudiants et diplômés peuvent quant à eux profiter des nombreux avantages offerts par celle-ci, peu importe l’avancée de leur carrière professionnelle : accès à un large réseau d’anciens élèves, opportunités de se rendre à de multiples événements, aides pour trouver un emploi…
Arrivant tout droit du monde anglo-saxon, l’adhésion pour la vie vie a été adoptée par plusieurs écoles françaises de renom, à l’instar de l’EDHEC ou de l’EMLyon, depuis une dizaine d’années. « Pour qu’un maximum d’anciens s’implique dans l’association de manière proactive, j’ai mis en place un système de cotisation à vie, réglée avec les frais de scolarité. Cela permet à l’association de ne pas disperser son énergie et ses ressources dans des opérations de collecte, et d’avoir des relations plus positives avec l’ensemble des anciens », expliquait ainsi Olivier Oger, alors directeur de l’EDHEC, en 2013.
Cinq ans plus tard, ce fut au tour de l’ESSEC d’opter pour le principe de l’adhésion pour la vie : depuis 2017, pour 1 600 euros versés lors de la première année dans les frais de services aux étudiants – soit l’équivalent de dix années de cotisation annuelle – les étudiants deviennent membres, à vie, de l’ESSEC Alumni. Une évolution nécessaire selon Charles Bouaziz, ancien président de l’association, tant sur le plan financier que concurrentiel : « Le modèle actuel s’essouffle. Plusieurs facteurs jouent : les cotisations ne sont plus déductibles des impôts ; les jeunes générations n’ont pas les mêmes besoins que leurs aînés ; et les réseaux socioprofessionnels types LinkedIn nous font concurrence ».
Des atouts bien réels
Côté étudiants et diplômés, au-delà du fait de devenir adhérent d’une association pour plusieurs décennies au prix d’une seule, ce système présente des avantages certains : une enquête IFOP réalisée en 2017 montrait ainsi que 71 % des jeunes de 18 à 29 ans avaient déjà vécu plusieurs changements professionnels, contre 53 % pour les plus de 40 ans. Qu’ils soient voulus ou subis, les facteurs déclencheurs de ces mobilités sont multiples.
Or, les moyens à disposition des salariés et entrepreneurs pour rebondir peuvent manquer. Dès lors, l’appartenance à un réseau solide prend tout son sens : « votre vie professionnelle va se construire sur 40 à 50 ans. Vous allez changer 5 à 6 fois de jobs dans votre carrière sans compter votre mobilité géographique », avance ainsi l’ESSEC qui rappelle que « 60 % des postes se trouvent par l’intermédiaire du réseau ». À travers son association Alumni, l’école entend ainsi faire bénéficier ses étudiants et anciens élèves de « son service carrière et ses coachs certifiés et bilingues […] pour rebondir et trouver des jobs », tout au long de leur vie professionnelle.
Un modèle éprouvé
Aux États-Unis, symbole de l’efficacité des réseaux Alumni, « Stanford, Berkeley, Yale et Cambridge, pour ne citer qu’elles, ont toutes adopté l’adhésion à vie. Le principe : dès leur intégration, les étudiants règlent un forfait unique sur 3 ou 4 ans (selon les programmes) qui leur donne accès aux services et au réseau de leur association de diplômés, immédiatement et sans limites dans le temps », confie ainsi Stéphanie Jossermoz, directrice générale d’ESSEC Alumni.
Plus qu’un simple calcul économique, le système d’adhésion pour la vie répond à des considérations globales : « Aux États-Unis, la tradition est bien ancrée et portée par des services dédiés qui inculquent un esprit de corps dès l’entrée à l’université. Étudiant et ex-étudiant ne font qu’un », expliquait ainsi l’économiste et universitaire français, Bernard Belloc, lors d’une interview en janvier 2020. Et celui-ci d’appeler de ses vœux les grandes écoles et universités françaises à « cultiver le sentiment d’appartenance » qui fait si cruellement défaut aux étudiants hexagonaux, qui « une fois sorti de l’université, oublient [leur] parcours et l’institution ».
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