Métiers du code : comment mettre fin à la pénurie de talents ?

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  • Publié le: jeudi 14 avril 2022

Entre 2017 et 2027, 232 000 emplois devraient être créés dans les secteurs du numérique et de l’information et de la communication, selon le Syntec. Mais, si l’offre est bien présente, la demande pourrait manquer, notamment à cause de clichés, autour des métiers du numérique, qui peinent à disparaître.

C’est un paradoxe saisissant : les métiers du numérique n’ont jamais autant pesé dans l’économie française – ils sont même appelés à accroître leur importance –, pourtant, les écoles, entreprises et administrations peinent à recruter des talents. Tandis que, dans les huit prochaines années, la filière estime qu’il se créera environ 1,75 million d’emplois en Europe, la question qui se pose est celle de savoir si le secteur du numérique parviendra à recruter suffisamment de candidats (métiers de la data, de la cybersécurité, etc.).

« Former des jeunes »

 

Pour tenter de dénouer ce paradoxe, l’École 42, spécialisée dans les formations informatiques, a interrogé en février dernier les Français sur leur perception de la tech. Verdict ? S’ils ont une bonne image du secteur, les idées reçues sont assez tenaces. Par exemple, si la quasi-totalité des sondés pensent que le numérique est fortement pourvoyeur d’emplois – 80 % pensent que les salaires, de plus, sont valorisants –, les deux tiers estiment que le secteur nécessite un niveau de diplôme élevé pour espérer intégrer une école. Et le numérique, selon l’enquête, serait « essentiellement » pour les jeunes. Voire uniquement pour les hommes.

 

Le prix des formations, également, est souvent rédhibitoire. Dans l‘imaginaire collectif du moins. Car la réalité est plus nuancée. Étant donné que, d’ici 2030, le marché français pourrait manquer d’1,5 million de talents digitaux, de nombreuses structures se mettent à proposer des formations pour tous les publics… et pour toutes les bourses. D’après Pôle emploi, nombre d’entre elles sont même gratuites dans certaines écoles (Simplon.co, Web@cademie ou Ecole 42), tandis que d’autres sont finançables, pour tout ou partie, par des aides publiques (Région, Compte personnel de formation, etc.).

 

Il y a donc une nécessaire déconstruction qui doit être réalisée vis-à-vis de ces idées reçues. Mais ce n’est pas suffisant. Le président de la République, Emmanuel Macron, candidat à sa réélection, a insisté sur le besoin, dans les prochaines années, « de former des jeunes qui iront dans les métiers du codage et du numérique ». Et, afin d’accentuer la formation des talents aux métiers du numérique, différents acteurs, privés comme publics, proposent leurs services (dans la data, notamment, mais également dans le numérique au sens large).

 

Ce sont, en particuliers, des profils d’ingénieurs et de techniciens qui sont recherchés pour soutenir la croissance et le développement des entreprises de la tech. Mais pas que. Sage, l’un des leaders européens des solutions de gestion à destination des sociétés, estime ainsi que l’action publique se doit de soutenir les écoles et institutions qui se créent pour former les talents numériques. L’entreprise britannique, qui possède une division française historique et présidée par Pacôme Lesage (président Sage France et Europe du Sud), soutient à ce titre les propositions du Conseil national du numérique (CNNum) en ce sens, qui appellent au développement d’une culture scientifique et technique à l’école. Et ce dès le plus jeune âge – mais également dans le cadre de l’apprentissage ou d’une formation continue. 

 

Casser les codes

 

« Il ne faut pas sortir les outils numériques de l’école, mais, au contraire, les y inclure, et utiliser le numérique comme un outil pédagogique qui renouvelle la façon d’enseigner et l’envie d’apprendre », souligne un récent rapport de l’instance indépendante rattachée au secrétariat d’État chargé de la Transition numérique. Le code deviendra-t-il, au même titre que l’allemand ou l’espagnol, une « langue vivante » enseignée à l’école ? C’est, du moins, l‘objectif, in fine, d’un certain nombre de candidats à l’élection présidentielle. Dont le président de la République, pour qui le langage de la programmation doit être enseigné dès la 5ème.

 

Alors « qu’un enseignement de l’informatique (algorithmique et programmation) est dispensé conjointement en mathématiques et en technologie » est d’ores et déjà prodigué aux élèves du collège, selon le ministère de l’Éducation nationale, Cédric O, le secrétaire d’État chargé du Numérique, estime que « le code et les usages numériques font partie du bagage nécessaire pour comprendre notre monde et agir en citoyens éclairés ». D’où l’importance, selon le gouvernement, de mettre les moyens dans la formation des jeunes au codage et au numérique – dans son plan « France 2030 », le gouvernement prévoit d’ailleurs de dédier 2,5 milliards d’euros à cet objectif.

 

Reste l’a priori, bien ancré dans la société, qui voudrait que les métiers de l’informatique soient essentiellement masculins. Le secteur n’est d’ailleurs pas le seul à souffrir de cette image, mais force est de constater que les femmes, dans le digital, sont encore trop absentes – 30 % des postes numériques sont occupés par des femmes selon Femmes@Numérique. « C’est pourquoi nous proposons qu’une campagne nationale de valorisation des métiers du code soit menée auprès des jeunes filles, dès le collège, en partenariat avec des initiatives comme Femmes@Numérique ou DesCodeuses », insiste Sage.

 

Pourquoi, en effet, se priver de 50 % des talents ? se demande Femmes@Numérique. Les femmes « représentent un grand réservoir dans la tranche 30-40 ans, car elles prennent conscience tard que c’est possible pour elles, également, alors qu’elles ne sont pas bonnes en mathématiques », regrette Sophie Viger, directrice de l’École 42, dont l’une des missions, outre la formation des talents numériques de demain, et de casser les codes genrés, dans la société, selon lesquels les femmes auraient moins de chances de progresser dans le secteur numérique que leurs homologues masculins.

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