Parité dans l’entreprise : vers la fin du plafond de verre ?

  • Publié le: jeudi 11 mars 2021

La situation des femmes dans les entreprises françaises progresse, même si celles-ci sont encore loin de la parité absolue. Certains groupes, comme L’Oréal ou LVMH, se distinguent par leur volontarisme. Le gouvernement entend, quant à lui, passer à la « vitesse supérieure » et annonce de possibles sanctions.

Après une année 2020 marquée par la révélation de nombreuses affaires de violences faites aux femmes ainsi que par les conséquences de la crise sanitaire sur les inégalités de genre, la Journée internationale des droits des femmes était, ce lundi 8 mars, particulièrement scrutée. L’occasion, aussi et comme chaque année désormais, de dresser un bilan de la situation des femmes au sein du monde du travail. Écarts de rémunérations, maternité, sexisme ordinaire, plafond de verre, etc. : reflets de nos sociétés, les entreprises n’échappent pas aux phénomènes et discriminations systémiques qui les traversent. Elles se doivent aussi, de plus en plus, de rendre des comptes sur leurs efforts visant à assurer en leur sein une meilleure égalité entre les sexes.

Un bilan mitigé

 

Depuis 2019 – et depuis 2020 pour les entreprises de 50 à 250 salariés –, les entreprises françaises de plus de 250 salariés sont ainsi obligées de publier, chaque année, leur note globale obtenue dans l’index de l’égalité hommes-femmes mis en place par le gouvernement. Celle-ci est attribuée en fonction de cinq critères, parmi lesquels l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes, l’écart entre les promotions et les augmentations annuelles, ou encore la présence de femmes parmi les salariés bénéficiant des plus hautes rémunérations de l’entreprise en question. D’après le ministère du Travail, et en dépit de la crise sanitaire, cette année « les entreprises sont au rendez-vous de l’index, signe que la démarche est entrée dans les mœurs ».

Le cru 2020 n’en demeure pas moins mitigé. Ainsi, si la note globale des entreprises françaises a progressé d’un point, passant de 84 à 85 sur 100, seules 2% d’entre-elles font un sans-faute et décrochent la note de 100. Une cinquantaine d’entreprises affiche même une note inférieure à 75 points, et ce pour la troisième année de suite – une contreperformance qui les expose à une sanction, pouvant représenter jusqu’à 1% de leur masse salariale. Parmi les points à améliorer figurent notamment les augmentations de salaires au retour d’un congé maternité – une obligation légale, que 13% des entreprises ne respectent pas –, ainsi que la présence de femmes parmi les plus gros salaires, seule une entreprise sur quatre affichant une parité presque parfaite au sein de ses dix plus importantes rémunérations.

LVMH montre l’exemple

 

Selon un autre classement, établi quant à lui selon 19 critères par le cabinet Equileap, les entreprises françaises du CAC 40 obtiennent, en moyenne, un indice d’égalité de 52%, soit neuf points au-dessus de la moyenne européenne (43%). L’étude révèle également que les conseils d’administration des entreprises du CAC 40 sont composés de 44% de femmes – contre 31% en Europe –, mais que celles-ci ne représentent seulement que 17% de leurs équipes de direction (16% au niveau européen). Le rapport revient enfin sur les « conséquences massives et disproportionnées » de la crise sanitaire sur les femmes, en mettant en exergue la « hausse des violences conjugales » et la « fermeture de très nombreux établissements de garde d’enfants, tandis que les femmes ont continué à assumer la plupart des responsabilités liées à l’éducation des enfants ».

Plusieurs grandes entreprises se distinguent dans le classement Equileap, comme L’Oréal, qui grimpe sur la plus haute marche du podium, avec un score de 73%, ou Sanofi, Pernod Ricard et LVMH. Le numéro un mondial du luxe LVMH, propriété de Bernard Arnault, est également à l’honneur de l’index de l’égalité hommes-femmes du gouvernement, en voyant son score progresser de 90,8 à 91,3 sur 100. Le groupe est notamment récompensé pour les efforts entrepris par ses marques Guerlain et Le Bon Marché, qui frôle la perfection, avec un score de 99/100. Bernard Arnault vient d’ailleurs de cosigner une tribune dont les auteurs s’engagent à atteindre, « à l’horizon 2027, voire 2030 (…) un minimum de 30% de femmes dans les 10% de postes à plus forte responsabilité (et) une augmentation minimale de 2% par an du taux de femmes parmi les cadres ». Enfin, LVMH met en avant de nombreuses femmes-clés, à l’image d’Hélène Valade, directrice Environnement du groupe, Stella Mc Cartney, conseillère de Bernard Arnault sur les questions de bien-être animal, ou encore Rihanna pour ses marques Savage X Fenty et Fenty Beauty.

Le gouvernement passe à la « vitesse supérieure » (Bruno Le Maire)

 

Appelant à la « définition d’objectifs chiffrés et engageants de femmes à la tête des entreprises », Bernard Arnault et les cosignataires de la tribune défendent l’instauration de quotas. « Il n’y a pas de croissance pérenne possible dans l’entre-soi », concluent les 41 dirigeants d’entreprise. Des grands patrons qui peuvent compter sur le volontarisme du gouvernement qui, par la voix de sa ministre du Travail, Elisabeth Borne, a rappelé ce 8 mars que les autorités feront preuve de « tolérance zéro avec les contrôles ciblés » sur les entreprises. La Journée internationale des droits des femmes a également été choisie par la majorité parlementaire pour proposer une loi, portée par la députée LREM Marie-Pierre Rixain et visant à instaurer des quotas renforçant la présence des femmes dans les instances dirigeantes des entreprises. Un moyen, pour le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, de « rentrer dans une logique plus ambitieuse » grâce à un texte « très court, (…) avec un nombre de dispositifs extrêmement limité, mais qui change vraiment la donne ». Objectif revendiqué : « passer à la vitesse supérieure ». Il serait temps.

 

 

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