Emploi : comment diminuer le chômage des personnes en situation de handicap ?

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  • Publié le: jeudi 12 mai 2022

Si les chiffres et les consciences évoluent, d’année en année, concernant l’emploi des personnes en situation de handicap (PSH), il reste beaucoup à faire. Les entreprises mettent en place des dispositifs d’inclusion, en lien, notamment, avec l’État.

En matière d’emploi, les personnes en situation de handicap (PSH), en France, restent largement désavantagées par rapport aux personnes valides, bien que les écarts tendent à se réduire. Pour la première fois en novembre 2019, le nombre de demandeurs d’emploi est passé en dessous du seuil des 500 000, et ce nombre n’a pas augmenté depuis le premier confinement, en mars 2020. Fin décembre 2021, il n’y avait « plus que » 474 170 PSH inscrites à Pôle emploi, contre plus de 515 000 avant 2019. Et le taux de chômage, établi à 18 % il y a quatre ans, a diminué pour atteindre 14 % – il est d’un peu moins de 8 % pour les personnes « tout public ». 

En revanche, les chiffres, concernant le chômage de longue durée, restent en deçà : 60 % des demandeurs d’emploi handicapés n’ont pas de travail depuis au moins un an. L’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées), qui organisait, fin mars dernier, son « Université des référents handicap », rappelle régulièrement qu’en vertu d’une loi de 1987, les employeurs sont pourtant tenus de recruter au moins 6 % de PSH dans leurs effectifs. En 2021, dans le secteur privé, ce taux n’arrivait pas à franchir la barre des 4 % (3,8 %), malgré de nombreuses initiatives pour tenter de booster l’employabilité des personnes handicapées.

 

Cibler les personnes en situation de handicap dans les recrutements

 

Certains employeurs prennent les devants en allant à la rencontre des personnes en situation de handicap, comme lors de l’événement Hello Handicap, organisé, cette année, du 26 au 29 avril. Parmi les entreprises participantes – et pionnières en la matière –, Capgemini, qui, depuis 2006, développe une politique active d’emploi et d’insertion des PSH en lien avec les organisations syndicales ; Decathlon, qui de son côté, a fêté en 2019 les 20 ans de la Mission Handicap, et ouvre tous ses postes aux personnes handicapées – la seule condition étant d’être… passionné par le sport ! ; EDF, enfin, partenaire du salon et engagé depuis plus de 30 ans pour l’intégration des personnes en situation de handicap. L’énergéticien fut l’un des premiers acteurs à signer un accord avec ses organisations syndicales. Il compte aujourd’hui 5 264 salariés en situation de handicap en France, et 6 454 dans le Groupe. Christophe Carval, DRH du groupe EDF explique : « Le Groupe est attentif à rendre possible des parcours professionnels inclusifs, passionnants et évolutifs pour les personnes en situation de handicap ». 

De nombreux dispositifs sont prévus, en interne, pour former en quelques semaines des stagiaires, présents à 100 % sur le lieu de travail de leur futur employeur, afin de répondre aux offres des entreprises qui peinent à recruter… mais également pour faire diminuer le chômage des PSH. Handiwork fait partie des atouts dans la manche de ces recruteurs : l’initiative, récompensée lors du 3ème forum « Activateur de progrès » organisé par l’Agefiph en mars dernier, prévoit ainsi des FEST (formations en situation de travail) qui permettent à des publics en situation de handicap de découvrir le travail en milieu « ordinaire ». Et d’acquérir de nouvelles compétences professionnelles.

Il s’agit, selon Audrey Richard, la présidente du jury du forum qui s’est tenu à Lille, de « montrer le handicap sous un aspect valorisant comme créateur de richesse pour l’entreprise ». Une sorte de « pacte » donnant-donnant, comme le sont les formations internes proposées par les employeurs à leurs salariés. Celle qui est également directrice des ressources humaines du Groupe Up, et présidente de l’Association nationale des DRH (ANDRH), encourage d’ailleurs ses pairs à « s’appuyer sur ces exemples pour développer et enrichir leur politique diversité ». Car « le handicap au travail, c’est possible, et chacun, avec ses compétences, peut trouver une place au milieu de tous », estime de son côté Christophe Roth, président de l’Agefiph.

 

« Impact dans l’entreprise »

 

Si les démarches du secteur privé pour accueillir un nombre de plus en plus important de travailleurs PSH s’additionnent, elles reflètent l’intérêt des entreprises tout autant que l’impact des mesures gouvernementales prises, depuis quelques années, en la matière. Elisabeth Borne, la ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, l’assure : « Les décisions prises depuis 2017 pour améliorer l’insertion des personnes en situation de handicap dans l’emploi et l’engagement de l’ensemble des acteurs mobilisés sur le sujet ont permis une vraie amélioration. Nous devons poursuivre ce combat et ne pas relâcher nos efforts », enjoint-elle.

S’agissant de l’apprentissage des PSH, les efforts gouvernementaux et entrepreneuriaux se traduisent par des chiffres en hausse : entre 2019 et 2021, le nombre d’apprentis en situation de handicap est passé de 4 562 à 8 159 (+ 79 % de hausse), grâce, notamment, aux mesures prises pour inciter et sécuriser les parcours en apprentissage. Le gouvernement, dorénavant, espère voir ces bons résultats progresser, après avoir engagé, via le plan France Relance, 2 milliards d’euros pour l’aide à l’apprentissage tout public et 85 millions d’euros pour l’aide à l’embauche, ainsi qu’une aide exceptionnelle de 4 000 euros versée aux entreprises ou associations qui recruteraient un salarié handicapé en CDI ou CDD de plus de 4 mois – l’aide était valable jusqu’au 31 décembre dernier.

Selon Sophie Cluzel, la secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées, le dispositif « exceptionnel » a permis de signer 25 000 contrats, dont 65 % sont des contrats à durée indéterminée. Cette ancienne militante associative, qui œuvre pour l’inclusion des PSH au quotidien – elle est maman d’une enfant atteinte de trisomie 21 –, reconnaît volontiers l’engagement des entreprises pour l’embauche de personnes handicapées, notamment grâce à l’index Egapro (égalité professionnelle). Mais il est important, selon elle, de passer d’une politique d’obligation – ou d’incitation, financière par exemple –, à une politique d’envie.

Et ça tombe bien. Car de plus en plus de chefs d’entreprises, en plus d’aller à la rencontre des demandeurs d’emploi en situation de handicap, souhaitent faire appel à des PSH. D’après l’Agefiph, elles représentent pour la société de nouveaux profils intéressants (pour 83 % des personnes interrogées, contre 76 % en 2020), susceptible, qui plus est, de la faire progresser (54 %, contre 47 % en 2020). Mais il y a encore fort à faire : le baromètre de l’association souligne que le handicap reste encore trop associé à des stéréotypes puissants… et négatifs, qui « traduisent une méconnaissance de sa réalité et de son impact dans l’entreprise ».

 

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