D’après une étude publiée le 30 octobre 2020 dans Science Advances, des chercheurs se sont rendus compte que le permafrost au nord-est de l’Alaska fond plus vite que prévu. Une catastrophe écologique, sachant que cette couche de glace présente sous la toundra et sous les fonds marins recèle entre autres du CO2, du méthane et du mercure, mais aussi des virus et des bactéries parfois méconnues… Une fonte de ces glaces laisserait donc s’échapper dans l’air et dans l’eau des substances nocives pour l’éco-système, aggravant plus encore le réchauffement climatique.
Une étude, publiée vendredi 30 octobre 2020 dans Science Advances, a montré que le permafrost du nord-est de l’Alaska fondait bien plus vite que prévu et était déjà bien entamé. Aussi appelée pergélisol, cette partie du sous-sol peut libérer, en fondant, des substances extrêmement nocives pour la faune et la flore, et de fait, aggraver le réchauffement climatique.
Au moyen d’outils géophysiques électriques, les chercheurs se sont donc rendu compte, après trois années de recherches, qu’il n’y avait plus de permafrost à des endroits où ils s’attendaient à en trouver. La constatation est navrante : pas de glace sur les 20 premiers mètres de profondeur, près de la côte en mer de Beaufort. Sous la terre ferme recouverte de toundra, pas de glace non plus sur les cinq mètres. Contrairement aux prévisions.
« Ces recherches font apparaître que la structure de la côte est bien plus complexe que nous ne le pensions », expose Jim McClelland, coauteur de l’étude. « La superficie de la banquise arctique est la plus faible jamais enregistrée pour la saison », complète l’Institut météorologique danois DMI. Selon des données satellites, la couche de glace y a rétréci de 8,2% en dix ans.
Cette fonte est une conséquence directe d’une mer toujours plus chaude, avec des températures supérieures à la normale de 2 à 4 degrés au nord de la Sibérie orientale, et de 1 à 2 degrés dans la baie de Baffin au Canada. « C’est une tendance que nous avons constatée ces dernières années avec une saison plus longue d’eau libre, ce qui fait que le soleil réchauffe la mer plus longtemps, ce qui entraîne des hivers plus courts, de sorte que la glace ne s’épaissit plus autant qu’auparavant », a résumé Rasmus Tonboe, chercheur au DMI.
Le 8 septembre 2020, la banquise avait enregistré sa deuxième superficie la plus petite jamais enregistrée après 2012, à 4,2 millions de kilomètres carrés.
Au Groenland, la calotte glacière fond sept fois plus vite que dans les années 1990 et a perdu plus de 500 milliards de tonnes, contribuant pour 40% à la montée du niveau de la mer en 2019.
Un effet papillon sans précédent, avec peu d’espoir d’un possible retour en arrière : « Quelles que soient les futures émissions de CO2, la calotte du Groenland perdra plus de glace lors de ce siècle que pendant les périodes les plus chaudes des 12 000 dernières années », a déclaré Jason Briner, de l’université américaine de Buffalo.