Au Maroc, les autorités incitent les citoyens à devenir plus responsables

  • Publié le: lundi 8 juillet 2019

Information sur les biens de consommation renforcée, place du consommateur revalorisée, service de douanes efficace : le Maroc met toutes les chances de son côté pour faire du citoyen un acteur responsable de sa vie quotidienne.

Petit à petit, le Maroc convertit ses citoyens à la « consom’action », ou « consommaction ». Mot-valise assez fameux depuis quelques années, les «consom’acteurs» sont ces individus qui, tout autour de la planète, ne se contentent plus d’acheter pour consommer, mais désirent instiller une part d’éco-responsabilité dans leur vie de tous les jours.

« Consumériste averti, ce consommacteur est exigeant et n’hésite plus à contester le pouvoir des marques s’il le juge autocratique, allant jusqu’au boycott si celui-ci lui semble nécessaire, explique le site E-marketing. Naturellement plus engagé, il est plus sensible aux caractéristiques responsables, éthiques et équitables des produits offerts. Il est en général plus réfléchi à l’égard de son comportement », ajoute-t-il.

Cadre juridique renforcé et mise en place de guichets professionnels

Cette conscience citoyenne est apparue concomitamment à l’émergence des grands rassemblements internationaux pour le climat (COP ou manifestations populaires, de plus en plus fréquentes), amplifiée par les réseaux sociaux, qui incitent les individus, si ce n’est à changer de comportement, du moins à s’interroger sur leurs moyens de consommation. Non seulement les citoyens s’emparent de la question durable en sus des Etats, mais ces derniers (gouvernements ou, dans une moindre mesure, entreprises) leur facilitent la tâche.

Au Maroc, le ministère de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Economie numérique a par exemple organisé, en mars dernier, les Journées nationales du consommateur en partenariat avec les fédérations de protection du consommateur. Le but ? « Mettre en avant le rôle des guichets consommateurs, en tant qu’outil de proximité mis à la disposition du consommateur pour l’informer, l’orienter et l’aider à résoudre les litiges qui peuvent l’opposer à des fournisseurs de biens et services ».

Dans le royaume chérifien, 23 guichets professionnels ont ainsi été mis en place, au sein des associations de protection du consommateur. Cette réforme fait d’ailleurs partie d’un élan plus vaste, visant à redéfinir les rapports de force entre industrie et consommateur au Maroc. L’an dernier, le cadre juridique qui entoure ces relations a été renforcé au profit du second, grâce, notamment, à un arrêté permettant aux associations de protection du consommateur d’ester en justice (intenter des actions devant les tribunaux) afin de défendre ses intérêts. Ceci sans avoir à justifier du statut d’utilité publique, précise le ministère de l’Industrie.

 « Prendre ses responsabilités »

Plusieurs textes réglementaires ont été publiés qui encadrent les enquêtes de certains ministères (Energie et Tourisme) ainsi que sur l’information du consommateur en matière d’affichage des prix. Quant au dispositif de contrôle mis en place pour veiller au respect de l’application de la loi, il a d’ores et déjà permis de dresser 1315 procès-verbaux l’an dernier, à la suite d’actions enclenchées par les commissions mixtes locales – des instances sous la houlette des Walis.

En amont des poursuites, l’administration des douanes a également un rôle à jouer dans la défense du consommateur marocain. La preuve, très récemment, avec la saisie d’une grande quantité de pesticides, au port de Casablanca (nord-ouest), par les services douaniers. D’après le quotidien arabophone Al Massae, ces derniers mettent un soin particulier à examiner tous les produits qui transitent par la zone portuaire (la plus grande d’Afrique du Nord ; la deuxième du continent). Pour ce faire, ils ont reçu une liste exhaustive de pesticides agréés officiellement par l’Office national de sécurité sanitaires des produits alimentaires (ONSSA), dont ne faisait visiblement pas partie la cargaison saisie par les douaniers.

Traçabilité améliorée et étendue grâce à des outils comme le SAMID

Les autorités ont des solutions en la matière. Elles utilisent déjà la traçabilité des produits pour extraire du marché les biens de contrebande. L’an dernier, l’administration des douanes et impôts indirects (ADII) a par exemple saisi un volume de marchandises illicites estimé à près de 600 millions de dirhams (plus de 62 millions de dollars), dont des cigarettes en quantités importantes – leur nombre a d’ailleurs augmenté de 50 % par rapport à 2017.

« En net progrès, les résultats de la douane marocaine sur le terrain s’expliquent notamment par l’utilisation de technologies de numérisation pour vérifier l’authenticité des déclarations, indique le média Le monde arabe. Adopté en 2010, le logiciel SAMID (système automatisé de marquage intégré en douane) a ainsi permis d’identifier des fausses déclarations pour des marchandises d’une valeur globale de 10 milliards de dirhams (1,04 milliard de dollars). »

En plus de la diminution « spectaculaire » du taux de prévalence des cigarettes de contrebande sur le marché marocain (de 14 % en 2015 à 3,7 % en 2018), le recours à la traçabilité a permis à l’Etat marocain d’engranger des recettes fiscales qui commençaient à lui faire faux bond. En 2018, « l’ensemble des contrôles douaniers au Maroc ont généré environ 371 millions de dollars (3,58 milliards de dirhams) de revenus additionnels, soit près du double du montant de 2010 », d’après Le monde arabe.

Et si, en plus de défendre les consommateurs marocains, l’Etat polissait ses recettes fiscales grâce à une traçabilité étendue à tous les produits ?

 

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