Deux pesticides ont été interdits à la vente en France, car ils représenteraient un risque élevé pour les abeilles. Cette décision a été officialisé par un jugement, mercredi 4 décembre 2019, du tribunal administratif de Nice. Les deux pesticides du fabricant américain Dow AgroSciences, filiale de Dow Chemical, avaient été saisis en 2017 par des défenseurs de l’environnement.
Selon un communiqué du tribunal de Nice : « Le tribunal a estimé que le sulfoxaflor, qui entre dans la composition de ces pesticides et a pour effet d’agir sur le système nerveux central des insectes, était susceptible, en l’état des connaissances scientifiques, de présenter un risque de toxicité important pour les insectes pollinisateurs ». Si bien que les deux produits ont été retiré de la vente sur le sol français.
Un affront pour l’Anses, l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. En effet, en 2017, ces deux insecticides (Closer et Transform) apparentés aux néonicotinoïdes avaient été autorisé à la vente par l’Anses. Mais de nombreux apiculteurs et associations de défense de l’environnement, notamment Générations futures, s’étaient emparé de l’affaire, dénonçant ces produits hautement toxiques comme étant de véritables nuisibles aux abeilles.
Le jugement rappelle que « les études scientifiques menées par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), la Commission européenne, ainsi que des organisations non gouvernementales ont identifié des risques importants de toxicité pour les insectes pollinisateurs ».
Le tribunal de Nice estime par ailleurs que l’autorisation de mise sur le marché accordée par l’Anses à Dow AgroSciences, même limitée à l’épandage, risquait d’être nuisible aux abeilles, à cause des doses du sulfoxaflor utilisées sans contrôle.
Utilisés pour les grandes cultures, les fruits et les légumes, le Closer et le Transform ne devaient être utilisés, selon les recommandations de l’Anses, que par épandage, une fois par an. Des doses inoffensives pour les abeilles. Mais le tribunal a jugé que cet usage ne garantissait pas une protection absolue aux insectes dans la mesure où il était impossible de vérifier s’ils étaient appliqués comme recommandés.
Quoiqu’il en soit, ces mesures d’épandage ont été interdites par le tribunal, dans le doute. « Nous espérons que cette décision incitera le gouvernement et les agences évaluatrices à réfléchir à deux fois avant de délivrer des autorisations de mises sur le marché de produits dont les utilisateurs pourraient s’avérer désastreuses pour la biodiversité ou pour la santé humaine », a déclaré François Veillerette, le directeur de Générations futures.