Quelles entreprises pour l’après-Covid ?

Danone
  • Publié le: samedi 6 juin 2020

Les propositions pour penser le monde de l’après-crise sanitaire accordent une part grandissante à l’économie circulaire et au recyclage. Certaines entreprises, comme la multinationale française Danone, ont depuis longtemps entamé leur mutation vers un modèle de développement plus respectueux des hommes et de l’environnement, s’inscrivant dans le courant très à la mode de « l’innovation frugale ».

« Mettons l’environnement au cœur de la reprise économique » : le 3 mai, près d’une centaine de dirigeants d’entreprises françaises ont cosigné une tribune, publiée dans les colonnes du Monde, appelant à une mobilisation collective pour faire de la relance un accélérateur de la transition écologique. S’inscrivant à rebours de certaines prises de positions polémiques émises à l’approche du déconfinement, les PDG français affirment conserver intactes « leurs ambitions collectives en matière de transition écologique (…) avec un souci encore plus affirmé de justice sociale ». « Nous croyons qu’il est aujourd’hui possible de faire (des) moyens financiers (dégagés à l’issue de la crise sanitaire) un accélérateur d’une relance verte et inclusive », écrivent encore les auteurs de la tribune.

Un « nouveau modèle » qui fait une large place à l’économie circulaire et au recyclage

Les grands patrons français, parmi lesquels ceux de BNP, Danone, LVMH ou EDF, identifient trois « opportunités » à saisir à l’occasion de l’après-Covid-19 : la première repose, selon eux, sur un « soutien renforcé » aux secteurs de la rénovation énergétique, des mobilités douces et décarbonées, et l’expansion et le stockage des énergies renouvelables ; la seconde « consiste à rendre nos outils industriels en Europe plus résilients, à décarboner et à réduire notre empreinte carbone » tout en favorisant « le développement d’une économie plus circulaire et (…) d’une alimentation plus durable et plus locale, qui sont l’objet d’une forte demande de nos concitoyens » ; la troisième mise, enfin, sur une intensification des efforts de recherche et d’innovation.

Si la conscience que le monde « d’après » ne peut ressembler à celui « d’avant » semble largement partagée parmi les élites économiques tricolores, encore faut-il s’entendre sur ce que ce « nouveau modèle » que d’aucuns appellent de leurs vœux signifie. Jean Hornain, le directeur général de Citeo (ex-Eco-Emballages) a son avis sur la question : pour le patron de l’éco-organisme agréé par l’Etat pour organiser le recyclage des emballages ménagers en France, « la relance durable et compétitive des économies française et européenne passe par l’accélération des efforts engagés notamment par les entreprises de la grande consommation dans une économie circulaire, plus locale, respectueuse des ressources de la planète et de l’environnement ».

« L’écoconception, le réemploi et le recyclage des emballages et des papiers doivent donc prendre toute leur place dans les plans de relance européen et français, dans le respect du rôle de chaque acteur : entreprise productrice, entreprise de collecte et de recyclage, collectivité organisatrice. La proximité et la territorialisation, qui sont au cœur du fonctionnement industriel du recyclage, sont également des critères essentiels à l’efficience des futurs plans de relance », poursuit M. Hornain dans les pages de La Tribune. Quatre mesures s’inscrivent, selon lui, dans cette voie : un soutien massif à la conversion des chaînes de production ; le développement d’une industrie du recyclage moléculaire ; le soutien aux entreprises spécialisées dans la recherche de matériaux et l’économie circulaire ; le développement de la collecte en zone urbaine et le déploiement de la tarification incitative.

Danone, entreprise pionnière de l’économie circulaire

Certaines entreprises n’ont pas attendu la crise sanitaire pour entamer leur mutation vers un modèle d’économie circulaire. Danone, le dixième groupe alimentaire au monde, qui emploie quelque 100 000 personnes à travers la planète, pourrait à ce titre s’imposer comme un modèle dans « l’après-Covid ». Auditionné au début du mois de mai par le Sénat, le PDG de l’entreprise, Emmanuel Faber – par ailleurs signataire de la tribune publiée avec ses pairs dans Le Monde –, a tout d’abord estimé que « le Medef s’est pris les pieds dans le tapis » en réclamant plus de flexibilité dans la mise en œuvre du Green Deal européen. Le modèle « de l’industrie agroalimentaire n’est plus tenable », a encore déclaré M. Faber, selon qui le seul PNB (Produit national brut) par habitant ne peut plus demeurer l’alpha et l’omega de nos indicateurs économiques.

« Nous n’aurons pas une agriculture décarbonée en continuant sur le même modèle, a-t-il poursuivi. En France, l’agriculture contribue autant que l’industrie au réchauffement climatique. Cela ne peut pas durer. Il faut réinventer autre chose. On est au bout d’un certain modèle ». Dont acte : selon son PDG, Danone ne cesse d’investir pour trouver de nouvelles solutions d’emballage, le groupe s’étant engagé, d’ici à 2025, à se passer totalement de polystyrène dans ses pots de yaourt et à ne plus produire que des bouteilles d’eau en PET (polytéréphtalate d’éthylène recyclé). Evian, marque pionnière de Danone dans le recyclage, est ainsi la première à avoir visé le zéro net carbone en 2020, collaborant notamment avec des start-up comme Loop Industries ou Lemon Tri pour réduire son empreinte écologique.

L’innovation frugale, une philosophie adaptée à l’après-Covid

Ces jeunes entreprises s’inscrivent dans le courant de « l’innovation frugale », un concept issu des pays émergents, consistant à innover avec peu de moyens afin de créer des produits et services moins coûteux, plus différenciants et plus durables. Pleinement partie de l’économie circulaire, l’innovation frugale a déjà séduit de grandes entreprises, comme Lafarge, Dacia ou encore Danone, qui a développé au Bangladesh un yaourt renforcé en nutriments vendu seulement 5 centimes. Autant de multinationales qui semblent, sans doute, mieux armées et préparées que d’autres à la nouvelle donne issue de la crise sanitaire.

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