Depuis le 2 septembre 2020, un supermarché, en Allemagne, affiche deux tarifs pour certains produits. Au prix classique d’un produit est accolé un « prix véritable ». C’est à dire le réel coût environnemental lié à la production de l’article.
Vous êtes au rayon boucherie de votre magasin alimentaire. Un steak haché de 500 grammes est proposé avec deux prix : soit 2,79 euros, soit 7,62 euros. Vous pouvez choisir. Quel prix préférez vous payer ce steak ? Non, ceci n’est pas un problème mathématique qu’un élève de CM2 devrait résoudre…
Prix vert ou prix rouge ? Prix élevé ou prix bas ? Prix réel ou prix avec conscience écologique et environnementale ? En Allemagne, le client est désormais directement confronté à la question cruciale de son impact, en tant que consommateur, sur l’environnement.
Depuis le 2 septembre dernier, le magasin Penny, filiale du groupe Rewe, numéro deux allemand de la distribution alimentaire, a trouvé une façon radicale de sensibiliser sa clientèle aux questions de l’impact de production sur l’environnement.
Le magasin affiche en effet deux prix sous un certain nombre de produits : l’un réellement facturé, l’autre prenant en compte le coût environnemental (à titre purement indicatif). « Nous devons arriver à rendre visibles les coûts de suivi de notre consommation, c’est le seul moyen pour le client de prendre une décision d’achat consciente », explique le directeur générale de Rewe, Stefan Magel, sur le site de BFM.
Cette expérience servirait, selon lui, à cette conscientisation qui mènerait le client à une consommation plus verte : « Il est important de montrer aux consommateurs les conséquences de leur choix », se justifie-t-il encore.
Les prix affichés prennent en compte la lutte contre les gaz à effet de serre, les conséquences de la sur-fertilisation et les besoins énergétiques de la production. « Les dommages environnementaux ne sont actuellement pas inclus dans les prix des denrées alimentaires. Au lieu de cela, ils sont un fardeau pour le grand public et les générations futures », souligne Tobias Gaugler, spécialiste informatique qui a, grâce aux données d’une étude de l’Université d’Augsburg, calculé les prix réels de nombreux produits.
Cette expérience démontre d’ailleurs que la lutte contre les gaz à effet de serre devrait essentiellement concerner l’élevage intensif de la viande. En effet, si la différence de prix est plus ou moins importante selon les produits (lait +122%, mozzarella +52%, fruits et légumes de +8% à +19%, etc.), c’est la viande pour laquelle elle est la plus forte : +173%. C’est la différence entre le prix classique à payer et ce que la production a réellement coûté à l’environnement. Pour la viande bio, le surcoût est limité à environ 35% (soit 2,28 euros de plus par kilogramme).
Si l’expérience fonctionne et que le client se montre réactif au double-affichage, le magasin pourrait l’étendre aux 3 500 produits présentés en rayons.