Le Grand Paris Express ne sera pas qu’un simple métro supplémentaire. Dans son sillage, toute la périphérie de l’Ile-de-France va se transformer pour constituer de nouveaux pôles d’attraction pour l’activité économique. Au bénéfice de millions de Franciliens dont la vie quotidienne sera redessinée et améliorée.
L’Ile-de-France se refait une beauté. Avec les chantiers entourant les nouvelles gares du Grand Paris Express (GPE), les communes concernées sont en train de se réinventer et de se « vitaliser ». Tous ces quartiers contiendront des « éléments pour apporter des aménités urbaines à hauteur de la densification et du changement du cadre de vie qu’ils représentent, avancent Dominique Alba et Stéphanie Jankel, respectivement directrice générale et directrice d’études de l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur). Et parmi ces éléments, la capacité à tisser des liens est essentielle : par exemple en prévoyant les cheminements piétons, des pistes cyclables permettant les rabattements aux gares, des jardins, des trames vertes, des corridors écologiques, mais aussi en intégrant des nouveaux services comme des bornes de recharge électrique, les services vélos, etc. ». Les futures gares ne seront pas de simples « bouches de métro », mais constitueront tout un écosystème commercial dédié aux transports multimodaux, réunissant le métro, le vélo et la voiture. Pour des millions de Franciliens, il y aura donc un avant et un après-GPE.
Cohésion sociale et développement durable au cœur de la région
Une chose est sûre : l’ampleur du chantier est exceptionnelle, et va remodeler la région parisienne comme l’avait fait la construction des villes nouvelles dans les années 60. « Les futures lignes de métro Grand Paris Express devraient transporter deux millions de passagers par jour, promettait Philippe Yvin en 2017, alors président de la Société du Grand Paris. Le Grand Paris Express aura un impact social majeur. Il proposera des rocades de métros automatiques autour de Paris, ce qui réduira les temps de transport, et désenclavera des villes isolées aujourd’hui comme Clichy-sous-Bois et Montfermeil. Ce sera le symbole d’une métropole plus inclusive et plus juste, car la mobilité est un facteur de cohésion sociale essentiel. »
Depuis, mis à part la pause forcée lors du premier confinement au printemps 2020, les travaux sont menés tambours battants. Quelque 68 nouvelles gares sont en train de sortir de terre sur les quatre nouvelles lignes (15 à 18), en plus du prolongement des lignes 11 et 14. Etalé sur une quinzaine d’années, le GPE met surtout en avant sa durabilité et les améliorations substantielles qu’il apportera dans la vie quotidienne des Franciliens. « Nous menons un des chantiers les plus importants qui soient, en France mais aussi en Europe, et nous le faisons dans un objectif qui est d’abord de développement durable, assure Jean-François Monteils, président du directoire de la SGP depuis mars 2021. Le Grand Paris Express va améliorer la trajectoire de réduction de l’empreinte carbone de la France. C’est presque notre objet social, notre raison d’être, tout en améliorant la vie des gens. » Cette amélioration se traduira concrètement par un raccourcissement notable du temps passé dans les transports, ce qui aura un impact évident sur l’accessibilité au marché de l’emploi.
L’emploi, la face cachée du chantier du siècle
Le chantier du GPE – qualifié par beaucoup de chantier du siècle – servira aussi de locomotive au marché de l’emploi tout au long de la construction qui devrait s’achever à l’horizon 2030. Dans le Val de Marne par exemple, les intentions d’embauche ont bondi de 16,5% entre 2021 et 2022. « Nous avons de grandes ambitions sur le Val-de-Marne, avec des projets comme le Grand Paris Express, assure Pôle Emploi. Les besoins sont donc plus importants, ce qui explique les difficultés à recruter suffisamment. » Et toutes les entreprises recrutent, des TPE-PME aux grands groupes européens du BTP. « Il y a des contraintes, certes, comme travailler en extérieur ou se lever tôt car les chantiers débutent à 7h30, observe Didier Masseron, directeur d’exploitation de Valentin TP, une PME locale. Mais il faut sortir des clichés, ce n’est plus aussi pénible qu’à l’époque de nos grands-parents. On travaille en équipe, on gagne bien mieux sa vie que dans la logistique (de 1 600 à 2 500 euros net pour un ouvrier, et de 2 250 et à 4 000 euros pour un chef de chantier, entre un débutant et un profil en fin de carrière). Surtout, il y a la fierté de voir ses réalisations. »
La question des ressources humaines est en effet centrale dans un projet de la taille du GPE. Il a donc fallu recruter. « La plus grande complexité, ce sont les hommes et les femmes qui peuvent contribuer à faire tourner ces chantiers, explique Pascal Hamet, directeur du projet Ligne 16 lot 1 chez Eiffage Infrastructures. En période de pointe, nous sommes en tout 2000. Mais au tout début, nous n’avions pas 2000 collaborateurs dans les starting blocks. Le défi humain était donc de mobiliser, dès le premier mois, l’encadrement et l’ingénierie pour les bureaux d’études chargés des calculs de structures. Quand la SGP nous a attribué ce marché, elle a surveillé de très près cet indicateur : nous sommes rapidement montés à 400 encadrants sur ce chantier. Ensuite, la mobilisation et la formation des compagnons a permis d’assurer la production du chantier : ils étaient 200 au début, ils sont 1500 à présent, constitués en équipes opérationnelles et efficaces. » La bonne santé du marché du travail en Ile-de-France est évidemment un facteur positif sur le plan social. A terme, le GPE permettra de rapprocher les Franciliens de leur travail ou de leur donner de nouvelles opportunités. Selon une étude de l’Institut Paris Région, 2,6 millions d’emplois existants seront ainsi accessibles en moins de 60 minutes de trajet. Une révolution. Pour les futurs bénéficiaires du GPE, la réduction du temps passé dans les transports aura de fait un impact positif sur la qualité de vie et sur le temps consacré aux loisirs et à la famille.
L’immobilier, pensé pour et par les habitants
Le marché immobilier va lui aussi se développer dans le sillage des nouvelles gares constellant la région parisienne, les Franciliens anticipant même l’arrivée du GPE pour leurs investissements immobiliers. Et la Société du Grand Paris compte bien se mêler à la bagarre, forte de son expertise en termes d’interconnexion des moyens de transports et des lieux de vie. La SGP est ainsi en train d’étudier différents partenariats pour des investissements dans la construction de logements. « On a créé une filiale, SGP Immobilier, qui va prendre des participations dans des sociétés civiles de construction-vente que l’on créera avec des promoteurs immobiliers, après consultation », explique Jean-François Monteils. Une centaine de projets aurait été identifiée, pour une superficie d’environ « un million de mètres carrés de planchers constructibles » sur les 32 millions potentiels cernant les projets du GPE.
Ces nouveaux quartiers seront surtout placés sous le signe du développement durable, conformément aux directives de la SGP. A Cachan par exemple, l’écoquartier « Cachan Pluriels » est en train de sortir de terre. « Ce projet est à la hauteur des ambitions que nous nous fixons pour les quartiers de gares du Grand Paris Express, souligne Bernard Cathelain, membre du directoire de la SGP. Les projets qui seront développés contribueront à l’émergence d’une ville plus durable et plus agréable à vivre pour répondre aux aspirations de vie des Franciliens. » Ici comme ailleurs, le dialogue entre la SGP, les entreprises de construction, les riverains et les collectivités locales a permis de faire émerger les meilleures idées, en adéquation avec les besoins et les aspirations des Franciliens. Les habitants de la commune ont été particulièrement consultés pour ce projet, à travers un jury. « Les habitants ont été acteurs du choix du projet lauréat, ils poursuivront leur participation tout au long de l’évolution du projet », se félicite Hélène de Comarmond, la maire (PS) de Cachan.
Pour les entreprises de construction, le défi est de taille, entre les impératifs techniques, la tenue des délais exigée par la SGP et la finalité des projets, comme le rappelle Guillaume Sauvé, président d’Eiffage Génie Civil et d’Eiffage Métal : « Tout ce que nous construisons, tunnel, pont, route, port, a une finalité humaine : le déplacement, le travail, le logement, bref, l’amélioration de la vie des gens, dans un endroit donné, des conditions données, en inscrivant toutes ces dimensions dans une perspective de développement durable. Ça ne peut se concevoir sans être à l’écoute des bénéficiaires, ni être force de proposition à toutes les étapes. »
Emploi, qualité de vie, transports, cohésion sociale… Les communes bientôt desservies par le Grand Paris Express ne seront pas les seules gagnantes quand les travaux s’achèveront en 2030 : c’est bien l’ensemble du territoire de l’Ile-de-France qui sera le grand bénéficiaire du chantier du siècle.
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