Composée de rouleaux colorés tombant en cascade sur un mur, l’installation de l’artiste Dima Yarovinsky « I Agree » est magnifique – à première vue. Si vous lisez les petits caractères, cependant, vous apprendrez qu’il s’agit des conditions d’utilisations des géants de la technologie que nous acceptons aveuglément.
Chaque parchemin correspond à un accord des conditions générales d’utilisations (CGU) d’un des 7 réseaux sociaux les plus utilisés. Sont annotés en bas un décompte du nombre de mots et le temps qu’il faut pour les lire.
« J’ai lu et accepte les termes »
L’artiste s’est concentré sur les services que nous utilisons régulièrement, affichant les accords d’utilisation d’Instagram, Snapchat, Facebook, Twitter, Tinder, Google et WhatsApp. Il souhaite à travers sont travail montrer à quel point nous étions « petits » et « sans défense » contre le pouvoir des grandes sociétés, en particulier lorsqu’il s’agit d’accepter aveuglément leurs conditions de service. Dima Yarovinsky ajoute que ces termes ne sont pas négociables et que certaines personnes pourraient même ne pas savoir qu’ils étaient d’accord avec eux.
« Cocher la case » j’ai lu et j’accepte les termes » est le plus grand mensonge sur le web aujourd’hui », a déclaré Dima Yarovinsky. Selon lui, une personne lambda lit en moyenne 200 mots par minute, mais que les termes d’un accord d’utilisation typique a près de 12 000 mots. Cela signifie que cela prendrait environ une heure à quelqu’un pour lire les CGU d’une application.
Une étude confirme que personne ne lit les CGU
Dima Yarovinsky n’a pas tort, car la plupart des gens ne lisent pas ces accords avant de les accepter.
Selon une expérience(en anglais) menée par deux professeurs de communication en 2016, des centaines d’étudiants acceptent aveuglément les conditions d’utilisation pour rejoindre un nouveau réseau social. Sans le savoir, ils ont par exemple accepté de donner au réseau social leur futur premier-né. Le réseau social était faux, mais les résultats de l’expérience indiquent que les gens n’hésitent pas à signer à peu près n’importe quoi lorsqu’ils sont confrontés à des accords exhaustifs.
Autre exemple, 22 000 personnes ont accepté de faire 1 000 heures de travail, notamment de racler la rue et de nettoyer les toilettes, lorsqu’elles ont signé l’accord d’utilisation d’un Wi-Fi. Une seule personne a signalé la supercherie, au bout de deux semaines. Cette blague a été réalisée dans le cadre d’une opération de communication destinée à montrer au public son consentement au Règlement Général sur la Protection des données, qui est applicable depuis le mois de mai 2018 en Europe.
Malheureusement, il existe aussi de nombreux exemples concrets de ce que peuvent impliquer ces CGU. Facebook a récemment mis à jour ses conditions de service, mais cela ne l’a pas rendu moins infernal puisqu’il collecte toujours l’historique de votre téléphone et de votre messagerie texte, par exemple.
Enfin, lorsque les utilisateurs acceptent les conditions de service d’Uber – en utilisant simplement l’application – ils renoncent à leurs droits à un procès devant jury, une politique à laquelle un certain nombre de femmes se battent actuellement.