Le poids économique équivaut souvent au poids politique. Mais trop se plier aux grandes puissances peut avoir des répercussions négatives, comme le découvre la Banque mondiale.
Les dirigeants de la Banque mondiale, dont la directrice générale de l’époque, Kristalina Georgieva, ont fait pression en 2017 sur le personnel pour améliorer le classement de la Chine dans un rapport sur la facilité de faire des affaires, selon une enquête indépendante publiée mi-septembre.
Kristalina Georgieva, maintenant à la tête du Fonds monétaire international, a déclaré qu’elle était fondamentalement en désaccord avec les conclusions et l’interprétation du rapport. Néanmoins, les détails rendent sa lecture inconfortable.
Ainsi, les responsables de la Banque mondiale semblaient plus préoccupés par la satisfaction de la Chine que par l’intégrité d’un rapport largement suivi, qui offre aux entreprises un guide sur les scores des pays sur des questions telles que la facilité de payer des impôts ou la flexibilité d’embauche.
Cette approche pourrait être rejetée comme une realpolitik qui atténue les biais pro-américains inhérent à une institution qui a été, comme le FMI, mise en place pour aider les efforts de reconstruction après la Seconde Guerre mondiale.
Mais cela sous-estimerait à quel point de telles tactiques pourraient être dommageables pour les organisations dont les capacités de financement sont nécessaires pour relever d’énormes défis, principalement le changement climatique et comment aider les pays les plus pauvres à sortir de la pandémie.
Les États-Unis, plus grand actionnaire de la Banque mondiale
La Banque mondiale, dirigée maintenant par David Malpass, est le plus grand fournisseur de financement climatique pour les pays en développement, qui sont le moins en mesure de payer les coûts de la décarbonisation.
Et le mois dernier, le FMI a distribué environ 650 milliards de dollars de nouveaux droits de tirage spéciaux dans le cadre d’une campagne visant à lutter contre les dommages économiques infligés par Covid-19.
Le débat sur le rapport sur la facilité de faire des affaires détourne l’attention d’un tel travail et donne des billes aux critiques des deux organisations, en particulier aux États-Unis, qui est le plus grand actionnaire de la Banque mondiale.
Il est vrai que le fait d’avoir des pays comme actionnaires met en place une dynamique particulière qui nécessite la conciliation de priorités et d’intérêts nationaux conflictuels. Mais il existe des anachronismes qui pourraient être abandonnés pour réduire les préjugés envers les grands pays. D’abord et avant tout, la tradition de nommer un Américain à la tête de la banque. Ce serait un bon début pour améliorer l’engagement des actionnaires dans une institution dont le travail a le potentiel de contribuer à progresser vers une planète plus juste et plus verte.
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