S’il fallait rajouter une cause supplémentaire au changement climatique, ce serait les mariages forcés. La hausse des températures en Afrique principalement contraindrait les familles à marier leurs filles.
C’est dans les zones d’Afrique australe notamment au Malawi et au Mozambique voisin que l’on voit ces phénomènes se produire. Ces pays sont frappés par des désastres naturels tels que la sécheresse liée à la hausse des températures et la rareté des pluies, et quand celles-ci apparaissent, elles s’apparentent à des tempêtes dévastatrices, suivies d’inondations, puis de nouveau de sécheresses. Les familles n’ont plus suffisamment d’argent pour couvrir leurs besoins et sont entrainées dans une spirale de misère. Les enfants sont déscolarisés faute de moyen. Une seule solution reste envisageable pour eux, marier leurs filles alors qu’elles sont encore des enfants. Un mariage, c’est une bouche de moins à nourrir et un peu d’argent gagné.
Elles sont des milliers, voire des millions dans ce cas. Au Malawi, c’est près d’une fille sur deux qui est mariée avant ses 18 ans. Au total, ce sont entre 30 à 40% des mariages qui seraient causés par le réchauffement climatique selon une étude de Youth Net and Counselling. Toujours au Malawi, cela représente entre cinquante et soixante mariages par village, soit 4 à 5 millions de filles mariées avant l’âge adultes, donc environ 1,5 million à cause du changement climatique. Pourtant depuis 2015, une loi a été votée pour interdire le mariage des mineurs, mais ne semble avoir rien changé à cette tendance.
Du côté du Mozambique, qui occupe la triste 9ème place au classement mondial du mariage des enfants, 50% des filles sont mariées avant leurs 18 ans et un peu plus de 14% avant leurs 15 ans.
Une situation qui risque de perdurer
Malheureusement, « l’impact, la fréquence et l’étendue des périodes de sécheresse se sont intensifiés ces quatre dernières décennies et sont susceptibles d’empirer avec le changement climatique, aggravés par d’autres facteurs, tels que la croissance de la population et la dégradation de l’environnement » note le Dispositif mondial de réduction des effets des catastrophes et de relèvement (GFDRR). Et on rentre alors dans un cercle vicieux, ces jeunes filles tombent enceintes, qui devront également se marier jeunes. De plus ces mariages durent rarement car le nouvel enfant constitue une bouche supplémentaire à nourrir et les maris finissent par quitter leurs jeunes épouses.
Parfois, ce sont les jeunes filles elles même, enviant la situation de femme mariée de leurs amies qui cherchent à se marier. Theresa et son père le voyait comme une porte de sortie « Je me suis mariée à 15 ans parce que je voyais que mes amies mariées avaient à manger et des vêtements. Alors que moi, un jour je mangeais, un jour je ne mangeais pas », témoigne-t –elle dans le document de Bride of the Sun. « Je ne voulais pas qu’elle se marie. J’aurais voulu que ma fille termine ses études, qu’elle ait un diplôme. Mais c’était impossible », explique à son tour Antonio, son père. « Il y a beaucoup de gens dans la même situation. Tu es chez toi, tu te réveilles, tu n’as même pas d’argent pour acheter de la nourriture. Cela pousse les gens à prendre une décision qu’ils ne veulent pas prendre. Parce qu’il n’y a pas d’autre option. Grâce au mariage, vous vous dites que deux familles vont se réunir et s’entraider. Cet homme avait promis qu’il nous aiderait, qu’il financerait l’éducation de ma fille. Mais il est parti et il n’est plus jamais revenu. Je suis resté avec ma fille et ses deux enfants ici, sans rien, sans aucune aide ».
Les catastrophes liées au changement climatique ne seront pas simplement visibles dans un avenir lointain, mais une réalité quotidienne dont accouchent chaque année des milliers de jeunes filles. Selon l’Unicef le nombre des unions de mineurs atteindrait les 310 millions d’ici 2050.
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