La crise du coronavirus n’a pas freiné l’essor du véhicule électrique en France

La croissance de la mobilité bas-carbone se poursuit en France. Même pendant la crise du Covid-19, les ventes de véhicules électriques ont poursuivi leurs hausses
  • Publié le: lundi 17 août 2020

Entre janvier et juillet 2020, les ventes de voitures électriques ont bondi de plus de 128 % par rapport à la même époque l’an dernier.

A l’opposé des refrains décroissants, certains estiment aujourd’hui que la lutte contre le réchauffement climatique peut difficilement faire l’économie de… l’économie. Ou, plus exactement, de la production et, incidemment, de la croissance. Certains secteurs industriels, d’ailleurs, combinent parfaitement raison verte et raison économique, comme celui de la mobilité électrique. Selon le cabinet Deloitte, les voitures électriques et hybrides rechargeables sont bien parties pour occuper nos routes dans les prochaines années, puisque leurs ventes progresseront à 31 millions par an d’ici la fin des années 2020. En termes de parts de marché, cela représente 32 % des véhicules vendus en 2030 dans le monde (81 % en 100 % électrique).

 

Entrée en vigueur des objectifs CO2 européens

 

En Europe, d’après l’étude de Deloitte, cet accroissement n’interviendra qu’à partir de 2025, pour passer de 10 % à 42 % en 2030, au fur et à mesure que la politique de réduction des émissions de CO2 se renforcera. Pour rappel, l’Union européenne (UE) avait fixé en 2014 des objectifs contraignants en matière d’émissions carbonées pour les constructeurs automobiles, qui doivent entrer en vigueur cette année. Selon cette nouvelle réglementation, les émissions de ventes de voitures neuves ne devront pas dépasser 95 g/km en moyenne en Europe, sous peine de se voir infliger une amende de 95 euros par gramme de dépassement. Pour l’instant, les industriels en sont encore loin, puisque l’an dernier, ces émissions ont atteint 121,8 g/km.

Certains d’entre eux ont demandé à ce que l’entrée en vigueur de ces objectifs soit repoussée, pour digérer dans un premier temps la crise du coronavirus, qui a éloigné les consommateurs des garages automobiles pendant de nombreuses semaines. La pandémie aurait d’ailleurs mis à l’arrêt quelque 200 000 salariés du secteur en France. Mais, bonne nouvelle, les constructeurs pourront compter sur leurs véhicules électriques et hybrides rechargeables pour gonfler des chiffres potentiellement en berne. Ainsi l’étude du cabinet Deloitte montre-t-elle également que la crise sanitaire n’aura pas détourné les citoyens de leur volonté de verdir leurs moyens de locomotion. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes, puisque 18 % des voitures neuves vendues entre janvier et juillet 2020 fonctionnent à l’électricité.

« Si la crise du Covid-19 a mis un sacré revers aux ventes de voitures neuves, qui ont tout de même enregistré un recul de 33,2 % sur les sept premiers mois de l’année comparé à 2019, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, abonde L’Automobile magazine. […] Côté électrique, on compte 54 955 ventes sur les sept premiers mois de l’année, soit 6,14 % de la totalité des immatriculations. C’est une progression de 128,2 % par rapport à l’année dernière. » Avec, en tête du classement, l’indétrônable Renault Zoé, « très loin devant la concurrence » (21 485 immatriculations entre janvier et juillet), soit + 107 % par rapport à la même période l’an dernier. Viennent ensuite la Peugeot e-208 (10 219) et le Toyota C-HR, une hybride non rechargeable (8 704).

Reste maintenant à lever les derniers freins qui empêchent la mobilité électrique de véritablement décoller. A savoir, surtout, le nombre de bornes de recharge. Car l’ « engouement pour les modèles à faibles émissions » est bien présent, assure Cécile Goubet, déléguée générale d’Avere France, l’Association pour le développement de la mobilité électrique. « Les aides annoncées dans le cadre du plan de relance pourraient permettre de conforter cette dynamique », estime-t-elle, tout en prévenant : « Ce début de massification souligne également l’absolue nécessité de rendre une bonne fois pour toute la recharge facile au quotidien et sur la route ».

 

Rendre la recharge facile au quotidien

 

Et ça tombe bien, car le plan de soutien à l’automobile annoncé par le gouvernement prévoit une accélération des bornes de recharge. Ce que n’a pas manqué de saluer EDF, et par la voix de Hervé Rivoalen, membre de la direction mobilité électrique du groupe, cité par le compte Twitter de Rive event (les Rencontres internationales des véhicules écologiques à Paris) : « Le plan de relance prévoit un soutien très important au déploiement des infrastructures de charge, avec 100 000 points de charge d’ici 2021. Il faut surtout bien positionner la bonne borne au bon endroit en collaboration avec chacun des territoires ».

Le numéro 1 de l’électricité en Europe, qui se positionne comme l’un des acteurs majeurs de la mobilité électrique dans l’Hexagone – EDF propose par exemple des solutions de recharge publique comme privée, partout et pour tous –, a d’ailleurs vu en mai dernier sa filiale Izivia être retenue pour accélérer le déploiement des bornes de recharge en Ile-de-France. Le Sigeif, principal opérateur d’énergie francilien, lui a confié les clés de ce « marché émergent et très convoité », selon Laurence Albert, journaliste pour Les Echos, alors que la région ne dispose pour l’instant que de 3 000 installations. EDF, dont l’objectif est de convertir sa flotte (30 000 véhicules) à l’électrique d’ici 2030, poursuit également sa mue : la centrale de Bugey (Ain) vient de se munir de quelque 270 points de recharge pour ses 110 véhicules électriques.

En tout, selon Avere France, le pays compte près de 30 000 bornes de recharge pour véhicules électriques (29 854 au 2 juillet 2020 pour être exact). Un nombre qui devrait augmenter de manière exponentielle dans les prochaines années – notamment grâce au plan de relance gouvernemental – ; malgré la crise du coronavirus, par rapport à l’an dernier, les solutions de recharge lente (+ 8,5 %) et rapide (+ 14,7 %) ont ainsi conjointement augmenté de 12,7 %. Alors qu’un peu moins de la moitié de ces bornes sont installées sur la voirie ou sur des sites publics (46 %), de plus en plus d’enseignes dans la grande distribution, comme Ikea ou Lidl, prévoient des points de recharge sur leur parking.

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