Le Sénégal se prépare pour l’élection présidentielle du 24 mars prochain. Le candidat-surprise de ce scrutin se nomme Bassirou Diomaye Faye, bras droit du tribun populiste Ousmane Sonko, actuellement derrière les barreaux. Une candidature de circonstance qui interpelle et pose des questions sur la crédibilité du mouvement Patriote à prendre les rênes de la démocratie sénégalaise.
C’est le « plan B ». Bassirou Diomaye Faye est le candidat par défaut des Patriotes (ex-PASTEF) à la prochaine élection présidentielle sénégalaise. Le véritable patron du parti est Ousmane Sonko, le personnage contestataire qui bouleverse la scène politique nationale depuis cinq ans. Mais sa candidature a été invalidée par le Conseil constitutionnel en janvier en raison de sa condamnation à deux ans de prison dans une affaire de mœurs et de diffamation contre un ministre.
La candidature de Bassirou Diomaye Faye, bras droit de Sonko, a en revanche été validée. Le secrétaire général et membre fondateur des Patriotes, lui-même incarcéré en détention provisoire, est moins connu du grand public, mais beaucoup le décrive comme encore plus radical et démagogue que son mentor.
A Dakar, les spéculations vont bon train concernant une prochaine sortie de prison de Bassirou Diomaye Faye à la faveur d’une loi d’amnistie votée début mars par l’Assemblée nationale, voire d’une remise en liberté dans un contexte d’apaisement pré-électoral voulu par le gouvernement. Quoi qu’il en soit, la campagne a débuté sans ce prisonnier-candidat. Un problème quand on sait que l’élection présidentielle est la rencontre d’un homme et d’un pays, d’un homme et d’un peuple.
D’après bon nombre d’analystes, « BDF » présente des faiblesses de taille. Cet inspecteur des impôts et domaines est un inconnu n’ayant pas de véritable carrière politique derrière lui. Vaincu à Ndiaganiao lors des élections locales de 2022, il n’a pas d’assise électorale et n’a jamais exercé à un poste de responsabilité politique. Bassirou Diomaye Faye apparait aux yeux de beaucoup comme un candidat de substitution n’ayant pas le bagage requis pour devenir le cinquième président du pays.
Confier le destin du Sénégal à un candidat de substitution et totalement inexpérimenté semble d’autant plus problématique que les prochaines élections présidentielles présentent de grands enjeux pour le Sénégal. Si le pays connaît une croissance économique dynamique, son taux de pauvreté reste élevé (39% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté), tout comme son chômage (19%) ou sa dette extérieure (69% du PIB).
Dans ce contexte, difficile d’imaginer Bassirou Diomaye Faye être en mesure de gouverner de manière responsable et efficace au-delà des discours outranciers et des postures simplistes.
