Si la CFTC — qui représente plus de 50 % des salariés de Louis Vuitton — veut « laisser sa chance » aux négociations débutées à l’automne 2021, deux syndicats minoritaires (CGT et CFDT) ont décidé de durcir le dialogue avec la direction de la filiale de LVMH. Pour ce faire, ils ont organisé, jeudi 10 février, un débrayage suivi par 5,3 % du personnel et menace de déposer un préavis de grève.
Les riverains de trois des dix-huit ateliers français de Louis Vuitton ont assisté à une scène rare jeudi 10 février. À Asnières (Hauts-de-Seine), Sarras (Ardèche) et Issoudun (Indre), une petite centaine de salariés a en effet répondu positivement à l’appel au débrayage de la CGT et de la CFDT, deux syndicats minoritaires chez le maroquinier. Les 5,3 % de grévistes recensés par la direction s’opposent à « une augmentation moyenne de 150 euros par mois accompagnée d’une réduction du temps de travail de 35 à 33 heures par semaine », a indiqué le groupe.
C’est au moment du passage de relais entre les équipes du matin et celles du soir que le “happening” a eu lieu. L’occasion pour les représentants de la CGT et de la CFDT de signifier leur opposition aux propositions de la direction : « la proposition d’annualisation du temps de travail ne nous convient pas », a ainsi indiqué Mireille Bordet, déléguée CFDT à Asnières. « Cela va se faire au détriment de notre vie privée. Le passage de 35 à 33 heures ne générera plus de RTT et va nous contraindre à finir plus tard le soir », craint l’élue syndicale.
Les négociations débutées à l’automne dernier, durant laquelle la direction s’est pourtant dite attachée à « l’équilibre vie privée-vie professionnelle » de ses employés, n’ont pas encore abouti. Si la CFTC, dont la représentativité est supérieure à 50 %, souhaite encore « laisser sa chance » au dialogue, la CGT et la CFDT désirent quant à elles le « muscler ». Elles menacent désormais le groupe du dépôt d’un préavis de grève « sous huitaine », s’ils n’obtiennent pas gain de cause.
Mardi 8 février, la direction de Louis Vuitton avait offert aux organisations syndicales un aménagement du temps de travail contre une augmentation de salaire de 150 euros par mois, soit une revalorisation de plus d’un euro du taux horaire moyen dans les ateliers, évalué à « 14 euros » par les élus du personnel. Une proposition qui a provoqué l’ire de la CGT et de la CFDT. Le maroquinier déclare pourtant vouloir « mener une politique de rémunération avantageuse qui permet à ses salariés des ateliers d’être payés en moyenne 18 mois de salaire par an » nuance la direction.
En effet, Louis Vuitton est à l’heure actuelle la filiale de LVMH la plus performante, avec des ventes qui auraient dépassé les 64 milliards d’euros en 2021, après un bond de 44 % par rapport à 2020. Elle devrait par ailleurs bénéficier de la création de 25 000 postes annoncée pour 2022 par la maison-mère, LVMH.