Streaming illégal : la France se doit de réagir

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  • Publié le: vendredi 8 septembre 2017

À l’heure de la multiplication des écrans, la popularité des plateformes de streaming et live-streaming illégales n’a jamais été aussi grande. Pourtant, les risques encourus par les internautes sur ces sites sont bien réels, notamment pour les plus jeunes. La raison ? Les publicités à caractère pornographique qui s’affichent inopinément sur ces sites.

De vrais risques pour les plus jeunes

 

Si, comme 15 millions de Français, vous visionnez régulièrement des séries, des films ou des matchs sur des sites de streaming illégaux, alors vous mettez probablement en danger vos enfants ainsi que tous les mineurs qui utilisent les mêmes écrans que vous. La faute aux sites pirates qui proposent ces contenus gratuitement, mais qui se rémunèrent grâce aux fenêtres publicitaires ‒ dites « pop-up » ‒ qui pullulent sur ces espaces.

Souvent à caractère pornographique, ces images et vidéos constituent autant de traumatismes potentiels pour les jeunes esprits en construction autour de vous, qui en sont victimes de plus en plus tôt. L’âge moyen de la première exposition serait en effet de 11 ans en France. Une exposition qui est le plus souvent accidentelle. Alors qu’un adolescent sur deux a déjà regardé du porno, contre seulement un tiers en 2013, les spécialistes tirent la sonnette d’alarme quant aux effets dévastateurs de ces contenus sur la psychologie et l’épanouissement des jeunes.

« De plus en plus d’enfants et d’adolescents, issus de tous les milieux sociaux, sont confrontés à des images pornographiques, le plus souvent imposées par un copain ou une publicité, alors qu’ils n’ont pas eu le temps de développer leur propre imaginaire érotique ni leur curiosité sexuelle, s’inquiète Thérèse Hargot-Jacob, philosophe et sexologue. Sur un esprit immature, avant l’âge de 16 ans, ces images agissent comme un viol de l’imaginaire. »

« Quand de la sexualité adulte se mêle à celle de l’enfant, c’est toujours pour lui très violent et très destructeur, affirme la psychanalyste Claude Halmos, spécialiste de l’enfant et de la maltraitance. C’est d’autant plus dangereux que, d’une part, la sexualité qui lui est présentée est une sexualité sans échange et sans respect de l’autre et que, d’autre part, elle est fondée sur des pratiques dont l’enfant va penser qu’elles sont les seules possibles. Donc les films pornographiques violent la sensibilité de l’enfant et peuvent, en plus, influer sur sa sexualité future ». Ainsi, pour bon nombre d’experts, les effets d’une exposition précoce à des contenus classés X seraient d’ailleurs comparables à ceux d’un véritable abus sexuel.

La législation française n’est pas à la hauteur des enjeux

 

Consciente de cette réalité, l’association Ennocence se bat depuis sa création, en 2015, pour faire reconnaître la culpabilité des régies publicitaires qui travaillent avec les plateformes illégales. Celle-ci réclame un renforcement de la législation française à leur encontre, avec des moyens de contrôle plus conséquents.

En France, l’exposition de mineurs à des contenus pornographiques n’est passible que de trois années d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende, une sanction rarement, voire jamais appliquée.

L’association plaide aussi pour la généralisation de campagnes de prévention afin de sensibiliser enfants, enseignants et parents sur ce fléau. Ces derniers sont en effet 52 % à reconnaître qu’ils ne surveillent pas le comportement de leurs enfants sur Internet, souvent parce qu’ils n’ont pas les moyens d’acquérir un logiciel de contrôle parental, mais aussi parce qu’ils sous-estiment les risques. 

Mais pour l’heure, aucune avancée concrète n’a été enregistrée en ce qui concerne la fermeture des sites pirates : les actions judiciaires contre ces plateformes ont pour la plupart été vaines, ces dernières étant hébergées dans des pays peu regardants sur le droit de la propriété intellectuelle.

Pourtant, les solutions existent : le dernier rapport Hadopi, qui « analyse les différents modèles étrangers de lutte contre la contrefaçon en matière de droit d’auteur et de droits voisins sur Internet » est sans appel. De nombreux pays, à l’instar du Royaume-Uni, de l’Italie ou encore du Portugal ont mis en place des procédures et dispositif de blocage des sites pirates. La France n’a donc plus d’excuse.

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