Appeler à tripler les capacités renouvelables mondiales d’ici 2030, tout en défendant la croissance des énergies fossiles : tel est la posture qu’a tenu le président de la COP28, l’émirati Sultan Ahmed al-Jaber, lors du Dialogue de Petersberg sur le climat, ce 3 mai 2023. Rien de bien étonnant : il est également le président du plus grand groupe pétrolier des Émirats…
Les défenseurs du climat qui craignaient que la nomination du président d’une géante pétrolière à la tête de la prochaine COP ne provoquent quelques légers conflits d’intérêt semblent fondés. Les COP28 se tiendra en novembre 2023 à Dubaï, et les Émirats arabes unis ont choisi, pour la président, Sultan Ahmed al-Jaber, leur ministre de l’Industrie et envoyé spécial pour le climat.
Le président de la COP28 veut tripler les renouvelables d’ici 2030…
Un CV cohérent, jusque là, sauf que l’homme préside aussi ADNOC, la compagnie pétrolière et gazière d’État, source de l’essentiel des revenus des Émirats. Et ce lien aux hydrocarbures s’est légèrement vu lors d’une conférence de presse qu’il a tenu aux cotés de la ministre des Affaires étrangères allemandes, l’écologiste Annalena Baerbock, en clôture du Dialogue de Petersberg pour le climat, ce 3 mai 2023, censé préparer la future COP28.
Certes, il a tenu un discours très volontariste sur le déploiement des renouvelables, appelant à se caler sur les propositions de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) : « Nous allons accélérer le développement des énergies renouvelables, qui doivent tripler leur capacité d’ici à 2030 et la doubler à nouveau d’ici à 2040 », a-t-il déclaré.
En revanche, il n’a pas vraiment mis en avant la baisse de la consommation des énergies fossiles, simplement de leurs émissions : « Nous devons nous concentrer sur l’élimination progressive des émissions de combustibles fossiles, tout en mettant en place des alternatives viables et abordables sans carbone », a ajouté Sultan Ahmed al-Jaber.
… tout en soutenant les énergies fossiles, mais en éliminant leurs émissions
Il a finalement enfoncé le clou en indiquant : « Nous savons que les combustibles fossiles continueront de jouer un rôle dans un avenir prévisible pour contribuer à répondre aux besoins énergétiques mondiaux ».
Il a ensuite indiquer que l’objectif devait être l’élimination des émissions de tous les secteurs, en « s’appuyant et en capitalisant sur les technologies existantes, nouvelles et émergentes », dont la technologie de capture et de stockage de CO2. En filigrane se retrouve l’idée très techno-confiante de tout continuer comme maintenant, mais en comptant sur les évolutions technologiques seules pour réduire les gaz à effet de serre, sans changement dans les comportements.
« Nous avons besoin de véritables solutions climatiques, et non pas de quelques technologies spéculatives »
La réaction des ONG a d’ailleurs été immédiate, et sans ambiguïté. « Nous ne pouvons pas prétendre que la solution à la crise climatique réside dans des solutions techniques peu fiables et non testées qui entraîneront de nouveaux risques et de nouvelles menaces », a asséné Tasneem Essop, directrice exécutive du Réseau Action Climat.
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