Parcours – Stéphanie Mathey (Envol Vert), de Carrefour au militantisme écologiste

  • Publié le: jeudi 2 juillet 2020

Ces dernières années le phénomène des cadres dirigeants dans les grandes entreprises françaises qui quittent les open space, les confcalls et autres meetings Zoom pour s’engager concrètement en faveur de causes écologistes s’est accéléré. Envie de s’engager, de retrouver du sens ou de se battre pour une cause qui en vaut vraiment la peine : les ressorts qui poussent à passer le pas sont nombreux. Retour sur le parcours emblématique de Stéphanie Mathey, cadre dirigeante du groupe Carrefour pendant 10 ans, qui a passé le pas en s’engageant pour la préservation des forêts amazoniennes au sein de l’association l’Envol Vert.

Le train-train des métropoles fait-il encore rêver les jeunes cadres français ? La question se pose avec d’autant plus d’acuité qu’entre craintes d’un effondrement généralisé de notre civilisation formulées par les collapsologues, crise sanitaire mondiale et victoires écologistes aux européennes et, plus récemment, aux municipales le 28 juin dernier, le territoire urbain apparaît comme foncièrement remis en cause. Le tout-béton, les centres commerciaux, les transports en commun saturés ou encore le constat généralisé d’une perte du sens dans le travail des secteurs serviciels constitueraient autant de motifs à un changement de vie. Que valent les PowerPoint, les campagnes de recrutement sur les réseaux sociaux et autres métiers de Chief Happiness Officer quand l’Amazonie brûle et que la banquise fond année après année, entraînant avec elle les ours polaires ? Cette question nombreux sont les cadres à se l’être posée, et Stéphanie Mathey n’a pas dû manquer de faire la même expérience.

Comment passe-t-on de Carrefour à l’Envol Vert ?

Dans une interview pour France Info, Stéphanie Mathey, trésorière et membre du Conseil d’administration de l’Envol Vert, explique qu’après avoir travaillé plus d’une dizaine d’années pour Carrefour, une “boite qu’[elle] aimai[t] énormément, qui [lui] a beaucoup appris”, elle a pris conscience, grâce notamment aux différents voyages réalisés dans le cadre de son travail de ses profondes convictions écologistes.  Dans le cadre du parcours de Stéphanie Mathey, titulaire d’une maîtrise de biochimie et ingénieure agricole, diplômée d’AgroSup Dijon, le passage au sein du groupe Carrefour a constitué indéniablement un accélérateur, comme elle l’expliquait dans les colonnes de France Soir en octobre 2018. Celle qui a fait de la lutte contre le gaspillage l’un de ses chevaux de bataille, notamment au sein de son bistrot “La Timbale”, situé dans le 18e arrondissement, évite de servir des poissons dont l’espèce est surexploitée, et calcule quotidiennement l’empreinte carbone de ses plats et ajuste les portions pour réduire le gaspillage. Pour Stéphanie Mathey, la prise de conscience de ces réalités est étroitement liée à son passage au sein du groupe Carrefour. Déplacements en Thaïlande ou encore au Brésil, dans le cadre d’audits des fournisseurs du leader français et poids lourd à l’international de la distribution alimentaire, l’ex responsable du développement durable du groupe présidé par Alexandre Bompard a pu se rendre compte de l’impact exercé sur la planète par les grandes entreprises.

Les grandes entreprises accélératrices (malgré elles ?) de ses parcours hors normes

Une forme d’aggiornamento culturel par lequel est, visiblement, également passé Olivier Guichardon, président de l’association l’Envol Vert. Après un MBA en finance et un master à Dauphine, et des passages au sein de grands groupes internationaux comme Procter & Gamble, Nike ou encore Sequana, ce dernier a obliqué dans son parcours en rejoignant WWF France, puis, plus récemment Greenpeace. Parmi les autres administrateurs de l’association ce type de parcours, pour le moins hors du commun, ou plus précisément hors normes, encore que ces dernières évoluent fortement depuis plusieurs, ne déparaillent aucunement. Des bancs du CELSA, de l’ESSEC et autres écoles prestigieuses, à l’activisme écologiste en faveur des forêts il n’y a qu’un pas, et ce dernier a été franchi lestement par les membres de cette association.

Signes, s’il fallait encore en douter, que l’antinomie longtemps érigée entre monde économique et tissu associatif appartient au monde d’hier, et que les enjeux liés à la déforestation, au réchauffement climatique ou encore à la démocratie peuvent être moteurs tout à la fois de prise de conscience et d’évolution des mentalités.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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