Cannabis : une drogue qui continue de faire polémique

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  • Publié le: jeudi 20 décembre 2018

Vendredi 23 Novembre dernier, l’Assemblée nationale a voté la création d’une nouvelle amende de 200 € pour réprimer l’usage de stupéfiants en France. Une mesure prise au vu de l’augmentation du nombre de consommateurs de cannabis : ils étaient 5 millions en 2017, dont 700 000 usagers quotidiens. Même si l’efficacité de cette nouvelle mesure reste discutable, le cannabis reste l’un des sujets les plus discutés sur notre territoire.  

Qui sont les consommateurs de cannabis en France ?

Le cannabis est la drogue la plus consommée en France. Et qui dit consommer, dit consommateurs. Pour commencer, la majeure partie des usagers sont des adolescents. En effet, d’après l’OFDT (Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies), les « premiers usages (…) se déroulent principalement entre 15 et 25 ans ». Ces jeunes consommateurs se mettent à fumer en grande partie par effet de mode. Il n’est donc pas rare de retrouver des élèves de 14 ans fumant du cannabis à la sortie du collège, car oui, la pratique est totalement banalisée à cet âge-là.

Néanmoins, les chiffres du « Baromètre santé 2017 » révèlent l’émergence d’une tendance nouvelle : le développement d’une consommation régulière chez les plus de 25 ans. Un engouement d’autant plus remarqué chez les adultes provenant de milieux plus aisés. Plusieurs enquêtes menées par l’OFDT montrent que les consommateurs des Hauts-de-Seine comme Neuilly-sur-Seine, Boulogne-Billancourt, Levallois-Perret ou encore Issy-les-Moulineaux sont beaucoup plus nombreux que ceux de Seine-Saint-Denis. « Les gens passent leur temps à montrer les jeunes de banlieue du doigt, mais ils oublient de rappeler que ce sont les bourges qui font tourner le business ! » s’indignent deux jeunes de 20 ans interrogés par Le Monde.

Toutes ces pratiques se font évidemment dans l’illégalité, car la France reste inflexible sur la légalisation de cette drogue.

Cannabis : que pensent les Français de sa légalisation ?

En France, la légalisation du cannabis est un sujet sur lequel la population et l’État stagnent depuis de nombreuses années. Pourtant, des chiffres de 2015 montrent que la France est l’un des plus gros consommateurs de cannabis en Europe : 40,9% des Français ont déjà consommé du cannabis, contre 30,4% en Espagne ou encore 25,7% pour les Néerlandais. Selon l’OFTD « En France en 2013, 3,8 millions de personnes ont déclaré avoir consommé du cannabis dans l’année ».

Mais, le cannabis reste malgré tout associé aux banlieues, au racket, à la délinquance. Les stéréotypes des voyous des banlieues périphériques qui dealent, fument, et se battent pour de la drogue sont tenaces et ternissent l’image du cannabis.

Néanmoins, avec le temps, les opinions ont évolué. Pour certains Français, la légalisation pourrait être une bonne chose. Un sondage réalisé à la demande de SOS addictions, du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) et du laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (Liepp) de Sciences Po, fin septembre 2016 révèle que plus de la moitié des Français (52%) considèrent que « la vente de cannabis sous contrôle de l’Etat serait plus efficace que l’interdiction pour lutter contre le trafic ».

Et oui ! Légalisation voudrait aussi dire supervision de l’Etat. Car, pour une grande majorité des Français, si la vente était réglementée, les violences diminueraient. D’autre part, cela pourrait générer une source de revenus non négligeable à la France…

Le cannabis : l’argent du trafic à l’international

De par la nature illégale de ce trafic, difficile d’établir des chiffres officiels quant à ses revenus à l’international. Cependant les estimations sur le profit du cannabis seraient de 243 milliards d’euros par an, soit 7 700€ par seconde. En 2010 son chiffre d’affaire était de 1,1 milliard d’euros dans l’hexagone.

Les produits à base de cannabis ont connu entre 2010 et 2014 une augmentation de 3,4% sur leur prix. Malgré cette hausse généralisée, d’importants écarts du prix au gramme en fonction des pays sont à prendre en compte. Le marché se basant sur la sévérité des lois, de la distance à parcourir, de la qualité… Ainsi en Norvège là où il est illégal, 1 gramme de cannabis est en moyenne à 19,4 € contre 2 € seulement au Brésil.

A ce jour, seuls l’Uruguay et le Canada (en octobre 2018) ont légalisé le cannabis récréatif. C’est une goutte d’eau dans l’océan des possibles tellement le secteur serait intéressant et lucratif. En 2015, une entreprise uruguayenne a créé son exploitation, avec 150 000 €. Trois ans plus tard, cette même entreprise en vaut 5 millions d’euros. Le revenu d’un dealer est quand à lui compris entre 4 500 € et 10 000 € par mois, et les semi-grossistes peuvent empocher jusqu’à 552 000€ par an.

L’exemple le plus fort de l’impact du cannabis sur l’économie d’un pays, reste les États-Unis. Avec des bénéfices de 6,7 milliards d’euros en cannabis légal, dont 3,2 milliards en marijuana médicale en 2017, on remarque une augmentation de 34% par rapport à l’année précédente. En 2020 des prévisions annonce une explosion des ventes, et ainsi des recettes de 22 milliards d’euros sur l’ensemble des produits à base de cannabis. Ces chiffres d’affaires pharamineux, sont d’excellentes retombées financières pour l’État. Ils imposent de fortes taxes sur les ventes, et ont ainsi amassé 50 millions d’euros, dans le Colorado en 2014, créant ainsi 18 000 postes.

Parfois sous-estimé ou mal perçu par de nombreux pays à travers le monde, l’exploitation du cannabis est une véritable mine d’or. Cela donnera-t-il des idées à l’état français pour aboutir à une prochaine légalisation ?


Par Kenza Guiddir et Marine Gueho

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