Linky : « Big Brother » n’est pas pour demain

  • Publié le: mercredi 12 avril 2017

Le déploiement du compteur communicant Linky soulève la polémique. En cause, selon ses opposants : le risque de voir diffuser à des tiers les données personnelles des usagers. Mais plusieurs agences nationales, vigilantes quant au respect de la vie privée, se veulent au contraire rassurantes.

Un élément en particulier intrigue les anti-Linky : la « courbe de charge », soit la représentation graphique de l’évolution de la consommation d’énergie pendant une durée. Constituée d’un relevé, à intervalles réguliers, de la consommation de l’abonné, elle permettrait notamment de déduire les présences et absences au domicile, ou encore le moment de la journée pendant lequel une personne prend une douche.

Par exemple, le réseau Enercoop, un fournisseur français d’électricité d’origine renouvelable, croit pouvoir affirmer que « le nouveau compteur communicant pourra enregistrer toutes les 10, 15, 30 à 60 minutes la consommation d’électricité et transmettre quotidiennement ces données à Enedis, qui les utilisera ou les enverra aux acteurs concernés (collectivités, fournisseurs…) ». Quant à Stéphane Lhomme, initiateur du mouvement « Stop Linky », l’arrivée de Linky représenterait, ni plus ni moins, un « Big Brother à domicile »…

La collecte de données est strictement encadrée

Pourtant, ces allégations sont inexactes. En effet, en novembre 2015, la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) a rendu publique son avis sur le sujet. Que dit-elle ? Elle considère « acceptable et suffisamment protectrice une conservation limitée de la courbe de charge à l’intérieur du compteur, sans remontée vers le gestionnaire ». Très concrètement, cela signifie que les données personnelles ne quitteront pas le domicile de l’abonné (enregistrement en local). Surtout, ces informations ne pourront pas être transmises à des tiers (par exemple les fournisseurs d’énergie ou les sociétés commerciales) sans le consentement explicite des intéressés. Enfin, l’usager pourra, à tout moment, désactiver ce stockage en local et purger ses données sans avoir à motiver sa décision.

Pour l’UFC-Que Choisir, il convient de distinguer la courbe de charge des index mensuels. Ces derniers remontent automatiquement vers le gestionnaire du réseau et vers le fournisseur afin de réaliser la facturation. Mais ces données ne sont pas sensibles car elles ne permettent pas de reconstituer le comportement du consommateur. Dans un document consultable en ligne (« Position de l’UFC Que Choisir concernant le compteur Linky »), l’association de consommateurs précise d’ailleurs que les appels des ONG ou de certaines collectivités qui poussent les consommateurs à refuser le compteur Linky « ne sont pas fondés ».

La courbe de charge est soumise aux contrôles imposés par la CNIL , que la société ENEDIS (ex-ERDF) s’est engagée à respecter scrupuleusement ; cette dernière précise que « le compteur ne connaît pas le détail des consommations de chaque appareil électrique, il enregistre des consommations globales en kWh et ignore s’il s’agit de la télé, du lave-vaisselle ou du chauffe-eau ». Enfin, toutes les données sont cryptées, et le système d’information du gestionnaire de réseau est homologué et audité par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI).

Les garanties apportées par les agences nationales, aussi sérieuses et compétentes que l’ANSSI et la CNIL, permettent pour l’instant de démentir les craintes et les menaces qui pèseraient sur les consommateurs, à la manière de « Big Brother ».

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