Yubo, Instagram, Facebook : les réseaux sociaux renoncent peu à peu à la « dictature du like »

  • Publié le: mardi 26 novembre 2019

Devenus « asociaux » au fil du temps, les réseaux sociaux sont régulièrement accusés de favoriser les contenus plutôt que les relations humaines. En cause, notamment, le fameux « pouce levé ». Certains, comme Yubo ou Instagram, ont choisi de rompre avec ce modèle. 

Les « Igers » (ou « Instagramers) n’ont pu passer à côté de cette nouveauté à bien des égards révolutionnaire : désormais, le réseau social de partage de photos, propriété de Facebook, masque le nombre de « likes » engrangés par chaque publication. Et les milliers, voire les millions de « pouces levés » ont été remplacés par la mention, bien plus sobre, « aimé par untel et d’autres personnes ».

La décision, annoncée début novembre par le patron d’Instagram, Adam Mosseri, à San Francisco (Californie), vise très clairement à mettre fin à la fameuse « dictature du like » qui prévaut sur les réseaux sociaux. Ou, plutôt, qui prévalait ? De plus en plus de critiques s’étaient élevées, ces derniers mois, pour dénoncer l’esprit de compétition et la dépendance des utilisateurs d’Instagram aux « likes », comme l’expliquait d’ailleurs l’un des porte-parole du réseau social il y a quelque temps : « Nous souhaitons que nos utilisateurs se concentrent sur les photos et les vidéos partagées, pas sur le nombre de “J’aime” qu’ils recueillent. Nous ne voulons pas qu’Instagram donne l’impression d’être dans une compétition ».

Yubo : du réseau social au « Social discovery »

Facebook a d’ores et déjà annoncé, en septembre dernier, qu’il lançait des tests similaires pour son application, afin de recueillir les retours pour évaluer si ce changement améliore l’expérience utilisateur. Finie, a priori, l’ère des « achats de likes » ou de « partages » pour une publication, une pratique qui avait fleuri ces dernières années, concourant à dénaturer totalement l’esprit des réseaux sociaux. Plusieurs spécialistes de ces plateformes digitales, dont des sociologues, s’étaient déjà penchés sur la question, estimant qu’il était urgent que la primauté du « like » soit tempérée, afin d’assainir les échanges, voire préserver la santé mentale des utilisateurs.

Pourquoi la disparition du « like » représente-t-elle une petite révolution ? Tout d’abord parce qu’elle était l’un des piliers des réseaux sociaux, et que ces derniers sont de plus en plus utilisés, par les jeunes notamment ; hyperconnectée, la « génération Z » (les adolescents ou adultes nés après 1995) passe en moyenne 5 heures par jour sur ces plateformes, qui représentent actuellement pour 60 % des jeunes le premier moyen de communication. Ensuite, la fin du « pouce levé » pourrait signer le retour de l’humain au cœur des réseaux sociaux, rapprocher les individus entre eux étant ni plus ni moins que leur objectif originel.

S’il est encore trop tôt pour parler du « like » comme d’un vestige d’Internet, sa mise à l’écart n’a rien d’anodin, à un moment où les codes des interactions dans le monde digital sont en train d’être redéfinis. Certains, à l’instar de Sacha Lazimi, cofondateur et patron de Yubo — une application, en vogue chez les adolescents, visant à élargir son cercle d’amis, qui comptabilise plus de 20 millions d’utilisateurs —, estiment que du « simple » réseau social, il convient de glisser petit à petit vers le « social discovery ». Tandis que le premier connecte entre eux les amis et connaissances, le second est « synonyme de connexions avec de nouvelles personnes ».

« Troisième génération »

« Le social discovery a pour vocation d’élargir les horizons amicaux. D’initier de nouvelles relations et de pérenniser les amitiés avec des personnes que nous ne rencontrons pas dans la vie de tous les jours. Il replace la sociabilité au cœur des interactions digitales », affirme Sacha Lazimi. Son atout numéro 1 ? Sa capacité à refléter les interactions de la vie réelle. Et à dépasser ainsi l’aspect différé des réseaux sociaux actuels pour passer au direct. Yubo se centre donc sur l’interaction entre personne plutôt que sur la production de contenu.

Consciente que les géants d’Internet tirent les ficelles à leur avantage, sans se soucier véritablement des rapports humains, la « génération Z », quoi qu’on en dise extrêmement désireuse de nouer du lien, déserte d’ailleurs de plus en plus les réseaux sociaux traditionnels (Facebook, Twitter, Instagram) pour ces nouveaux médias sociaux plus interactifs. Déjà qualifiées de « troisième génération », ces plateformes remettent au centre du jeu non seulement l’individu, mais surtout la « communauté », dans le but de répondre à des besoins humains authentiques, et non fabriqués ou motivés par la publicité.

Ce changement d’ère intervient d’ailleurs à un moment charnière de l’histoire des réseaux sociaux. De plus en plus d’analyses révèlent un lien entre le temps passé sur Facebook, par exemple, et la détérioration de la santé mentale des jeunes adultes, l’accroissement de l’anxiété, de la solitude ou de l’insomnie. Notamment parce que ces médias, au fil du temps, sont devenus de véritables fonds de commerce pour les annonceurs publicitaires et autres Web marketeurs, créant artificiellement des besoins pour leurs utilisateurs au lieu de se concentrer sur leur « cœur » d’activité : l’humain.

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