Ce vendredi 28 août, le ministère de la transition écologique a présenté un projet de loi visant à prolonger jusqu’en 2023 les dérogations pour utiliser, dans la culture des betteraves, les pesticides néonicotinoïdes, aux effets ravageurs sur les pollinisateurs. Les associations de défense de l’environnement s’étaient pourtant mobilisé contre ce prolongement
Comme annoncé plus tôt dans le mois d’août, le gouvernement compte bien prolonger les dérogations pour les pesticides néonicotinoïdes. Ce 28 août, le ministère de la transition écologique a envoyé aux membres du Conseil national de la transition écologique (CNTE) un projet de loi dans ce sens.
Vers une prolongation des dérogations à l’usage des pesticides néonicotinoïdes
Ce texte modifierait le II de l’article L.253-8 du code rural et de la pêche maritime. Pour l’heure, les dérogations à l’utilisation des néonicotinoïdes étaient autorisées jusqu’au 31 juillet 2020. Le projet de loi veut les prolonger jusqu’au 1er juillet 2023. Le texte législatif supprime également l’obligation d’un bilan sanitaire « sur les impacts sur l’environnement, notamment sur les pollinisateurs, sur la santé publique et sur l’activité agricole ».
Rappelons que les pesticides néonicotinoïdes provoquent des véritables ravages sur les pollinisateurs, en particulier les abeilles, dont la population est en chute libre depuis de nombreuses années, avec des conséquences dramatiques sur la biodiversité.
Dans les faits, ces dérogations sont exclusivement accordées à la culture de la betterave sucrière. Plus tôt dans le mois, la ministre de la transition écologique, Barbara Pompili, avait défendu l’idée que « la culture de la betterave étant récoltée avant la floraison, cette dernière n’attire pas les pollinisateurs, et l’usage des néonicotinoïdes en enrobage sur cette culture serait donc sans conséquence sur les abeilles ». Elle avait également précisé qu’il serait « interdit de planter des cultures à fleurs lors de la prochaine saisons pour ne pas attirer les pollinisateurs ».
Levée de bouclier chez les associations de défense de l’environnement
Ces arguments n’avaient pas convaincu les associations de défense de l’environnement. Dix-huit d’entre elles avaient envoyé, le 18 août 2020, une lettre ouverte au ministre de l’agriculture, Julien Denormandie. Elles mettaient en avant deux arguments massues. Premièrement, « l’exposition des abeilles et autres pollinisateurs aux néonicotinoïdes se fait aussi, et peut être même surtout, par les fleurs sauvages se trouvant à proximité des cultures traitées ».
Elles rappelaient ensuite que « les néonicotinoïdes sont persistants et sont transportés par la sève dans toute la plante au fur et à mesure de sa croissance, alors que seuls 1,6% à 20% de la matière active est réellement absorbée par la plante et plus de 80% contaminent les sols, les cours d’eau et les nappes phréatiques ».
Mais, de toute évidence, ce courrier, signée notamment par la Ligue de protection des oiseaux (LPO), la Confédération paysanne, Générations futures, l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf), Stop pesticides, les Amis de la Terre France, Pollinis, WWF-France ou Greenpeace, est resté lettre morte…
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