Alors que les associations de défense de l’environnement interpellent régulièrement les pouvoirs publics contre les conséquences néfastes des insecticides, une étude menée en Angleterre vient de créer un lien entre l’utilisation de certains insecticides et le déclin important de la population d’abeilles.
Les insecticides n’ont pas bonne presse mais ce n’est pas nouveau. Ce qui est nouveau en revanche, c’est que désormais des études précisent l’impact des insecticides sur l’environnement. La dernière étude en date vient de pointer du doigt le rôle des néonicotinoïdes dans la disparition des pollinisateurs sauvages, et plus particulièrement des abeilles. L’étude a été menée sur plusieurs années en observant les cultures de colza en Angleterre. Il ressort des conclusions des chercheurs que les plantations traitées avec des néonicotinoïdes infectent les abeilles, détruisent leur système nerveux et causent leur mort. Les chercheurs qui ont observé le déclin des colonies d’abeilles sauvages en Angleterre estiment que la population a diminué d’un tiers entre 2004 et 2011.
La très forte diminution des colonies d’abeilles est un coup dur pour l’agriculture puisque les plantations ont besoin du travail des agents pollinisateurs pour la culture des plantes, ce qui explique l’urgence d’agir contre les substances chimiques dangereuses. La France a été pionnière en la matière puisque la loi sur la biodiversité votée fin juillet 2016 à l’initiative de Ségolène Royal prévoit notamment d’interdire l’utilisation de certains insecticides. Malheureusement, ces dispositions sont encore trop frileuses : la réglementation anti-insecticides n’entrera pas en vigueur avant le 1e septembre 2018 et des dérogations seront possibles jusqu’à 2020. De la même manière, Bruxelles tarde à prendre ses responsabilités : un moratoire partiel est entré en vigueur en 2013, mais il ne concerne seulement que trois substances chimiques. Les enjeux d’une agriculture raisonnée se posent plus que jamais aux dirigeants européens.